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Le rapport Kessler préconise un moratoire de deux ou trois ans pour la radio numérique terrestre, déjà maintes fois reportée.

Les Français connaîtront-ils un jour la réalité de la radio numérique terrestre (RNT), ce média enrichi tant promis et tout aussi décrié? Initialement annoncée pour fin 2008, la RNT vient de connaître un nouveau coup dur avec la publication mi-mai du rapport Kessler, qui préconise un moratoire de deux ou trois ans, le temps de voir ce que font nos voisins européens en la matière et de trouver un modèle économique viable.

Premiers concernés, les trois grands groupes de radio (RTL, Lagardère et NRJ), unis au sein du Bureau de la radio, qui s'inquiètent de la durée durant laquelle il leur faudra assurer une double diffusion avant l'arrêt de la bande FM. «Cela dépendra de la vitesse à laquelle s'équipent les Français», estime Michel Cacouault, président de l'association, qui parle de 3,5 à 4 millions d'euros de surcoût annuel pour un réseau national.

Un faux problème, répond le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), pour qui les trois grands opérateurs dépensent aujourd'hui autant pour diffuser en grandes ondes sur de petites zones que pour la FM sur l'ensemble du territoire. «Le lancement de la RNT n'est possible que si on fixe un horizon d'extinction de l'analogique, pour la FM, mais également à plus brève échéance pour les grandes ondes», assure Rachid Arhab, conseiller du CSA en charge de la radio.

Expérimentations

Mais pour les radios indépendantes, qui cumulent 16% d'audience, c'est avant tout aux pouvoirs publics de financer la RNT. «Cela me choque de savoir que l'Etat refuse de faire appel pour cela au grand emprunt», s'insurge Jean-Eric Valli, président du GIE Les Indés Radios. «Il manque un peu de l'esprit de 1981 [année de libéralisation des ondes] pour lancer la radio numérique», regrette Philippe Gault, président du Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti).

Tous sont au moins d'accord sur un point: le rapport Kessler – salué unanimement – n'enterre en rien la RNT, même s'il laisse la porte ouverte à un déploiement via d'autres normes (DAB+, mix IP/RNT ou TNT/RNT). Pour savoir si ces débats méritent d'être tranchés, pouvoirs publics, opérateurs et diffuseurs s'en remettent désormais à l'expérimentation sur des territoires restreints. «Il faut voir si les auditeurs ont envie de la radio numérique», souligne Rachid Arhab.

Après la région parisienne et Nantes, c'est donc à Lyon que la RNT va être expérimenté à plus grande échelle jusqu'à la fin de l'année. Aujourd'hui, plus question de fixer de date pour le lancement de la RNT. Place au pragmatisme.

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