«Notre économie est un mensonge.» C'est la conviction de Philippe Cousteau, petit-fils du capitaine Jacques-Yves Cousteau, mais dont le français s'est un peu égaré, quelque part dans l'Atlantique, après que sa famille a quitté la France pour s'installer en Californie. Plus actuel et en anglais donc, son combat à lui se déroule sur terre: «Je ne pourrai jamais être comme mon grand-père; il a découvert les océans!», reconnaît le nouveau présentateur vedette de la série de CNN Going Green, lancée mi-avril et diffusée au rythme des saisons sur la chaîne internationale. Le 18 juillet, l'équipée Cousteau plantera son drapeau en Arctique, pour le deuxième volet Green Pioneers.
Paris, Séoul, Mourmansk, New York font partie des huit destinations vers lesquelles la chaîne a envoyé ses équipes de reporters. Là, ces journalistes du green business (ou «business vertueux») filment les entreprises, qui, à l'image d'une société parisienne d'emballage de fast-food, ont bouleversé leur mode de production au nom du respect environnemental. À Séoul, capitale sud-coréenne en tête du classement des plus gros pollueurs industriels mondiaux, la société Hyundai Steel ouvre ainsi les portes de son usine écoresponsable aux reporters.
Point d'orgue de la diffusion de la semaine, le week-end, Philippe Cousteau prend les rênes de quatre émissions spéciales, consacrées aux technologies et à ceux qui font avancer la cause écologique.
La bonne parole passe mieux en Europe
Envoyé spécial de CNN sur les thématiques environnementales, le descendant du défenseur des océans, qui dirige également l'ONG Earth Echo International, est une aubaine pour la chaîne: «Philippe Cousteau a une expertise unique, il est passionné et, plus que tout, il inspire confiance», s'enthousiasme Mike McCarthy, vice-président de la programmation de CNN International qui collabore avec le reporter depuis trois ans à des émissions ponctuelles. «Faire du storytelling, c'est naturel chez lui», ajoute-t-il.
Côté retour sur investissement, la chaîne n'est pas en reste. «Avec Going Green, nous souhaitions créer des contenus pertinents pour une audience intelligente, explique Mike McCarthy. Depuis près de cinq ans, nous avons massivement investi sur la thématique environnementale car elle continue d'attirer des annonceurs haut de gamme.»
Alors que Philippe Cousteau regrette que les États-Unis «doutent encore du phénomène climatique», le programme semble avoir été concocté pour l'antenne européenne de CNN. «La thématique environnementale a une vraie résonance en France, c'est un marché très important pour nous», indique la chaîne internationale.
Éduqué au pragmatisme à l'anglo-saxonne, Philippe Cousteau s'est fixé une mission: «Nous devons favoriser le dialogue, non sur le fait qu'il faille sauver des arbres, mais sur le business.» Los Angeles, New York, Washington - où il réside - et, cet été, Monaco sont les lieux dans lesquels il répand la bonne parole. En plus d'une économie vertueuse, le trentenaire franco-américain milite pour plus de transparence. «Les gouvernements et les entreprises font en sorte de baisser le prix des ressources naturelles, comme le pétrole ou le gaz. Ainsi, le coût réel est totalement méconnu par le contribuable, quand le coût sur la santé est, lui, préoccupant», relève-t-il. À un an de l'élection présidentielle aux États-Unis, le reporter n'envisage toutefois aucune destinée politique.