télévision
Skins a révolutionné le feuilleton pour adolescents. L'alcool, le sexe, la drogue y sont abordés crûment. Cette série est devenue un modèle et a fait des petits.

Si les héros de Premiers Baisers vivaient aujourd'hui, ils seraient alcooliques, ne penseraient qu'à se taper la copine de leur meilleur ami et ne seraient pas réticents aux expériences de produits stupéfiants. Bref, ils seraient des adolescents bien délurés, proches de ceux de la série Skins. Lancée en 2007 en Grande-Bretagne sur la chaîne payante E4, elle est diffusée depuis un peu plus de deux ans sur Canal+ et visible aussi sur Direct Star et June.

Aujourd'hui, ce sont les petits frères et sœurs de Skins qui déboulent. Une version américaine débarque sur MTV, à partir du 22 mai, et MCM a récemment placé dans sa grille les ados britanniques d'Inbetweeners et les copines dégourdies allemandes des Allumeuses(«Schulmädchen»). Des séries où Hélène ne reconnaîtrait pas ses garçons.

«On revient de loin, analyse Christophe Sabot, directeur général de Direct Star (Bolloré). La scénarisation des séries adolescentes françaises a longtemps été très stéréotypée et trop policée. Il n'y avait pas de volonté de rupture générationnelle.» Dawson rassemblait la famille, de l'ado à la grand-mère. C'est moins le cas pour Skins et ses déclinaisons. «L'écriture est beaucoup moins conformiste, poursuit-il. Nous ne sommes plus dans l'amourette ou des dialogues de “djeuns”. Les situations et les propos sont réalistes.»

Plus trash encore

Skins et autres Inbetweeners sont censées raconter la vie quotidienne des adolescents britanniques. Heureusement, cela ne concerne en réalité qu'une petite partie de ceux-ci. Mais ces séries mettent en lumière leurs préoccupations et ont le mérite d'évoquer sans détour les questions qu'ils se posent sur l'alcool, la drogue, la sexualité ou la religion. «La télévision évolue avec les demandes des adolescents, estime Laurent Micouleau, secrétaire général des antennes de Lagardère. Cette cible se détourne de la télévision, et pour les faire revenir, il faut traiter leurs programmes de la manière la plus réaliste possible.» «C'est le regard des adolescents sur notre société, affirme Matthieu Crubezy, directeur des programmes et des antennes de MTV France. Ces séries ne traitent pas des choses à la légère, car les problématiques sont dures.»

Du coup, MTV préfère diffuser Skins US après 22 heures. Des épisodes de Skins ou Inbetweeners sont même «interdits au moins de 12 ans». Mais déjà s'annoncent d'autres séries encore plus trash. «Les héros de Skins risquent de passer pour de gentils ados», promet Christophe Sabot.

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