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Les NMPP sont devenues Presstalis à la mi-décembre et ont inauguré de nouveaux locaux, tandis que le voile était levé sur les difficultés sans précédent rencontrées par les messageries.

La fin de l'année 2009 devait marquer une renaissance. Elle aura été le signal d'une période de turbulences pour les messageries de presse. Le 14 décembre, les Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) inauguraient leur nouveau nom, Presstalis, et leurs nouveaux locaux, après un déménagement du XIIe arrondissement parisien à la porte des Lilas dans un immeuble à 85% Haute Qualité environnementale (HQE).

Le même jour, un document interne paru sur Rue89.com retentissait comme un coup de tonnerre: Presstalis est à neuf mois du dépôt de bilan, selon un document confidentiel interne, en l'occurrence un compte-rendu d'un conseil d'administration de la Coopérative de la presse périodique (CPP, l'une des coopératives les plus importantes des NMPP), présidée par Jean de Montmort, qui dirige par ailleurs le conseil de gérance des NMPP.

Les raisons des soubresauts qui agitent le n°1 de la distribution de journaux et de magazines en France? «La baisse importante des recettes, due au recul des ventes de journaux» (-7% en 2009), explique-t-on chez Presstalis.

Si cette tendance se confirmait, l'entreprise, qui assure 80% de la distribution de la presse, serait en cessation de paiement à l'été 2010. Ses fonds propres sont en effet devenus négatifs (-24 millions d'euros à la fin 2008) à la suite d'une provision de 62 millions d'euros prévue dans les comptes 2007 afin de financer un plan de près de 300 départs en préretraite, sachant que Presstalis doit légalement reconstituer ses fonds propres avant la fin 2010.

Possible ouverture du capital

Rémy Pflimlin, directeur général de Presstalis, invité du Buzz Média Orange-Le Figaro, a estimé que «le groupe Presstalis devrait perdre en 2009 une quinzaine de millions d'euros. Dans ce chiffre, toute une partie concerne des dépréciations d'actifs liées à la gestion des dépositaires que nous possédons.»

Devant ces sérieuses difficultés, les éditeurs ont manifesté leur ras-le-bol. Eux qui se répartissent dans 5 coopératives possédant 51% de Presstalis ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord avec le groupe Lagardère, qui possède les 49% restants et est l'opérateur des messageries. Ce dernier n'entend pas mettre la main à la poche pour aider Presstalis dans ce qui pourrait bien être la plus grosse crise de son histoire, et a proposé un plan qui passerait par l'aide financière des pouvoirs publics. Les éditeurs, déjà mis à mal par la crise, ne sont pas non plus prêts à soutenir les messageries. On peut d'ailleurs voir dans la fuite du document de la CPP une manœuvre pour débloquer la situation.

Rémy Pflimlin, quant à lui, ne semble pas exclure l'arrivée d'un nouvel actionnaire. "Au moment où il va falloir aborder la reconstitution du capital de Presstalis, nous allons nous poser la question, avec les actionnaires actuels, de la capacité à développer des recettes nouvelles et même avec la vision d'une nouvelle organisation du tour de table."

Dans le même temps, son principal concurrent, les Messageries Lyonnaises de presse (MLP), ont demandé une «médiation» avec leur rival, qu'elles accusent de concurrence déloyale – ce pour quoi Presstalis a d'ailleurs été condamné en janvier 2009 par l'Autorité de la concurrence, qui a demandé aux ex-NMPP d'engager les réformes de structure nécessaires.

Réuni le 17 décembre 2009, le conseil de gérance de Presstalis, regrettant être «l'objet d'une stratégie active de dénigrement", annonçait «travailler à un plan de reconstitution des fonds propres qui concerne l'ensemble des actionnaires», précisant que «les principes du plan d'action pour 2010 seront arrêtés d'ici fin janvier».

Chez Presstalis, on pressent que l'année 2010 va être tumultueuse. Prochaine étape : la réunion du conseil de gérance, le 28 janvier, qui devrait annoncer les pistes retenues pour sortir de la crise.

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