STRATÉGIE DE MARQUE

« C'est le bon moment pour devenir une société cotée », estime Jeronimo Folgueira, à la tête de la plateforme de streaming musical qui va effectuer son entrée à la Bourse de Paris.

Sept ans après une première tentative avortée, le paysage est tout autre. « C'est une deuxième tentative mais la situation est différente de ce qu'elle était en 2015. (...) Le streaming musical est vraiment établi, il représente presque deux tiers des revenus de la musique enregistrée, ce qui n'était pas le cas avant », explique ainsi Jeronimo Folgueira, 40 ans, à la tête de la licorne française Deezer, qui fera son entrée à la Bourse de Paris mardi 5 juillet. « L'état dans lequel se trouve l'entreprise est aujourd'hui bien meilleur qu'il y a sept ans. L'entreprise a changé, le marché a changé : c'est le bon moment pour franchir cette étape et devenir une société cotée », complète le dirigeant espagnol.

Plus jeune patron européen du New York Stock Exchange après avoir supervisé la cotation du groupe de rencontres en ligne Spark Networks, il va vivre pour la deuxième fois une entrée en Bourse, alors que le contexte est « difficile en ce moment » pour les valeurs technologiques sur les marchés financiers. Pour réussir cette nouvelle tentative, les principaux actionnaires de la plateforme française -notamment le milliardaire anglo-américain Len Blavatnik qui détient 43% des parts- ont choisi un système d'introduction moins risqué, via le Spac I2PO, qui a déjà levé des fonds en Bourse dans le but de fusionner avec une société et faciliter sa cotation.

Près de 10 millions d’abonnés

Ce véhicule d'investissement, fondé par la famille Pinault, l'homme d'affaires Matthieu Pigasse, et l'ancienne dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch, a déjà permis à Deezer de récolter 143 millions d'euros. « Ils nous apportent le soutien, l'expertise et le capital dont nous avons besoin pour exécuter notre stratégie », souligne Jeronimo Folgueira, alors que la valorisation de Deezer va atteindre 1,05 milliard d'euros, soit une décote de 23% depuis l'entrée au capital du groupe mexicain de télévision Azteca en 2020. Lancé en 2007, le service d'écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France mais ses 9,6 millions d'abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader suédois Spotify (31% de parts de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet MIDiA.

La stratégie de Deezer, qui entend plus que doubler ses revenus d'ici à 2025, consiste à miser sur la musique, son univers et sa technologie, tandis que Spotify multiplie les lancements de podcasts ou qu’Amazon se focalise sur les livres audios. Pour profiter de la croissance rapide du marché mondial du streaming (+26,4% d'utilisateurs en un an au second semestre 2021), Deezer compte surtout s'allier avec des acteurs déjà implantés dans plusieurs « marchés clés », comme les opérateurs Orange en France et Tim au Brésil, ou nouvellement le groupe RTL en Allemagne. « Il est bien plus avantageux pour nous de concentrer nos ressources » sur « les cinq à dix marchés » qui comptent dans le secteur comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie ou les Pays-Bas, argue-t-il.

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