Type de placement, durée, prix… Tarik Chakor, cofondateur de La Firme, agence spécialisée dans la création de partenariats entre artistes et marques, délivre quatre conseils pour intégrer intelligemment un produit dans un clip musical.
1. Être dans une coconstruction. Vouloir faire un placement de produit dans un clip musical nécessite d’aligner les enjeux du label, de l’artiste, de l’annonceur, de l’agence qui joue le rôle d’intermédiaire. Sans oublier ceux de la communauté de fans de l’artiste ciblé. « Chaque acteur veut maximiser le profit tiré du placement. Les labels et les artistes veulent que la somme versée par l’annonceur soit la plus haute possible, en soulignant la visibilité offerte par leur clip. L’annonceur veut une durée de placement et une exposition maximisées et valorisantes. Le public ne veut pas une publicité trop imposante », résume Tarik Chakor, cofondateur de La Firme, agence spécialisée dans la création de partenariats entre artistes et marques. « Une relation tripartite, soit sans agence, peut fonctionner, mais le risque de "déséquilibre" au profit d’un acteur, risque de se traduire par une opération annulée. »
2. Trouver le bon équilibre. Pour rendre le produit suffisamment visible sans dénaturer la scénographie et l’expérience sonore, il est primordial de rester équilibré. « Plus qu’un placement au centre ou aux extrémités de l’écran, ce dernier doit être articulé naturellement au scénario », conseille celui qui est aussi maître de conférences à Aix-Marseille Université. Par exemple, l’approche du clip de Prends ma main des artistes Gims et Vitaa, entièrement filmé avec un smartphone Oppo, est intéressante. « Habituellement, les annonceurs imposent un placement lors du premier tiers du clip, voire lors des vingt premières secondes après le début de la musique, pour maximiser les chances de la marque d’être vue », souligne Tarik Chakor, qui propose également de diviser la durée du placement en plusieurs minutes. Dans le milieu du rap, des artistes mentionnent parfois des produits dans leurs paroles. Pour autant, « les intégrations sonores contre rémunération sont marginales. De plus, ils ne sont pas (encore) au stade de placer des publicités dans leurs textes. »
3. Être éthique dans le choix des marques. « Les artistes ne peuvent plus placer n’importe quel type de produit, explique Tarik Chakor. Des préoccupations éthiques et sociétales apparaissent notamment dans le cadre de placements de produits. Il y a une volonté de ne pas inciter des publics potentiellement "fragiles", à parier. Chez La Firme, nous recevons des consignes indiquant que tel artiste ne souhaite pas être associé à un type de produit : alcool, spiritualité, paris sportifs généralement », soulève-t-il.
4. Lancer un dispositif à 360°. « Le placement de produit dans un clip musical est une méthode complémentaire », prévient Tarik Chakor. Il est conseillé d’avoir déjà associé la marque à l’univers de l’artiste dans un autre type de collaboration. Plusieurs formes sont possibles : « contrats d’ambassadeurs, présence sur évènement, branding ou endorsement durant des concerts, ou encore dotations de vêtements avec identification en story de l’annonceur souhaitée par ce dernier », liste-t-il.