Philippe Cantet, le French flair

S’il avait dû choisir un sport, ce serait le rugby. Non pas que Philippe Cantet, modeste troisième ligne aile durant ses jeunes années, ait brillé par ses cannes et l’incapacité des adversaires à le plaquer. Mais le natif de Narbonne a gardé de sa jeunesse heureuse la trilogie « famille, copains, rugby » et l’idée que « le succès passe par le collectif » tout comme une part d'instinct que les Britanniques, frères ennemis de l'Ovalie, qualifient de « French flair ». Un mantra qui guide encore au quotidien le fondateur de Spring, marque montante de lessive par abonnement. « Outre son leadership naturel et l’aspect humain, il a conservé une grande qualité d’écoute, ce qui est rare lorsqu’on dispose d’un tel parcours », relève Laure Favre, son associée. Également connu pour avoir cornaqué le succès insolent d’Innocent dans l’Hexagone, Philippe Cantet est souvent qualifié de « serial entrepreneur ». Un terme qu’il accepte sans verser dans la caricature.

Objectif « simplexité »

« Tout m’intéresse et rien ne me passionne », constate à la fin de ses études le diplômé de l’Essec qui, après avoir privilégié Veolia et l’Australie au service militaire, n’y voit pas plus clair. Il intègre alors le cabinet de conseil McKinsey avec Danone pour premier client. Une révélation. « Je suis tombé amoureux de la grande consommation, un secteur à la simplicité apparente mais à la complexité extrême. La grande conso incarne la simplexité », juge-t-il en référence à une contraction à l’allure de défi permanent. Pas un hasard donc si le natif d’une famille de médecins rejoint Danone en 2002, évoluant notamment comme directeur marketing de Danone Waters. Mais c’est surtout en tant que directeur général France des boissons Innocent que ce père de quatre enfants se fait un nom. Quelques années plus tard, il se lance avec deux associés dans l’aventure Shopmium, start-up spécialisée dans les réductions sur mobile, grassement revendue fin 2015. « Je travaille à plein temps sur Spring depuis plus de trois ans », reprend Philippe Cantet quant à un projet en passe de se ménager une place aux côtés des géants du secteur avec « 10 millions de doses » livrées dans les boîtes aux lettres l’an passé. De quoi conforter l'idée d'un dirigeant prompt à flairer et exploiter les opportunités de marché.

Monoprix séduit

« Trois priorités se dégagent, dont faire connaître plus largement notre marque. À cet égard, l’arrivée dans les rayons d’un dénicheur de tendances comme Monoprix est une consécration. Mais cela ne change pas la stratégie DNVB (digital native vertical brand) de Spring. Le deuxième axe consiste à structurer, mesurer et rendre lisible notre rôle de société à impact », ajoute-t-il quant aux « 74% d’émissions carbone en moins » vis-à-vis des produits classiques du secteur, un résultat issu du cycle de vie adopté. Dernier défi : « compléter notre gamme de produits d’entretien » en les « redéveloppant un à un afin de minimiser au maximum l’empreinte environnementale et les risques pour la santé », déroule le dirigeant avant de sauter dans un train gare du Nord. Dur d’arrêter Philippe Cantet.