Évoquant des problèmes d'approvisionnement, Decathlon, sous le feu des critiques, suspend finalement ses activités en Russie. Mais Leroy Merlin et Auchan persistent pour l’heure.
Decathlon a annoncé mardi 29 mars la suspension de son activité en Russie, évoquant des problèmes d'approvisionnement, tandis que les deux autres enseignes de la galaxie Mulliez, Leroy Merlin et Auchan, persistent pour l’heure malgré des critiques nourries. Côté Decathlon, «les conditions d'approvisionnement ne sont plus réunies» pour que l'enseigne continue ses activités en Russie. Conséquence: celle-ci se dit dans un communiqué «amenée à suspendre l'exploitation de ses magasins» dans le pays.
La galaxie Mulliez pointée du doigt
La décision avait filtré alors que quatre militants écologistes protestaient mardi devant le siège de Decathlon à Villeneuve-d'Ascq (Nord) contre le maintien des enseignes Mulliez en Russie. Une employée à qui ils tendaient un tract leur avait indiqué qu'un courriel interne annonçant la suspension venait d'être envoyé au personnel. Dans ce message, Decathlon précisait être «dans l'incapacité de maintenir 92% de (son) approvisionnement» en Russie du fait des «sanctions internationales». L'annonce survient alors que l'association familiale Mulliez (AFM) et les enseignes qu'elle contrôle et qui sont présentes en Russie, notamment Leroy Merlin et Auchan, sont sous le feu des critiques en raison du maintien de leurs activités dans ce pays.
Dans le viseur de Kiev
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky les a accusés devant le Parlement français d'être «les sponsors de la machine de guerre de la Russie», en tant qu'important contribuable en Russie, et son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a appelé au boycott d'Auchan. «Chaque rouble payé au budget de l'État russe sous forme de taxes aide l'agresseur à s'approvisionner en armement et à tuer davantage d'Ukrainiens», alertaient récemment des salariés de Leroy Merlin Ukraine dans une pétition en ligne, publiée après le bombardement d'un magasin Leroy Merlin en banlieue de Kiev, qui a fait huit morts.
La Russie, un marché clé
À la suite de ces prises de position ukrainiennes, Leroy Merlin et Auchan étaient tour à tour sortis de leur réserve pour justifier le maintien de leur activité dans le pays de Vladimir Poutine, un marché très important car représentant respectivement 18% et 10% des ventes globales. Les deux ont assuré que cela n'était pas la raison de leur décision, mais qu'il leur fallait faire preuve de «responsabilité» vis-à-vis de leurs salariés russes (45 000 collaborateurs et 113 magasins pour Leroy Merlin, 30 000 collaborateurs et 232 magasins pour Auchan). Pour sa part, Decathlon est moins implanté en Russie que l'enseigne de bricolage ou le distributeur alimentaire. Présent depuis 2006, il y compte 60 magasins et un site e-commerce, pour environ 2 500 salariés.
Fonds de solidarité
L'enseigne ne donne pas d'indication sur les ventes réalisées dans le pays mais le nombre de magasins reste limité par rapport aux 1 700 points de vente qu'elle compte dans 70 pays. Decathlon avait déjà «gelé» son activité en Ukraine, où l'enseigne est présente depuis 2019 avec quatre magasins et 150 collaborateurs, pour «ne pas exposer» ces derniers «à une situation qui ne garantit pas totalement leur sécurité». Dans son communiqué mardi, l'enseigne souligne avoir mis en place une «cellule de solidarité» en Pologne pour centraliser des dons aux ONG locales, pour un montant total de 2,6 millions d'euros, et a en outre «constitué un fonds de solidarité» doté d'un million d'euros.
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