Pour résorber l'important déficit public de la France, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a déclaré le 29 septembre être en faveur de hausses d'impôts «exceptionnelles» pour les grandes entreprises en 2025.

« Pour les entreprises qui ont beaucoup bénéficié des gestes fiscaux antérieurs on peut envisager des gestes exceptionnels », a affirmé Pierre Moscovici, à l'occasion d'une interview dans l'émission « Dimanche en politique » sur France 3, le 29 septembre. Le premier président de la Cour des comptes était interrogé sur un article du journal Le Monde publié dimanche, selon lequel le gouvernement envisageait d'instaurer une « contribution exceptionnelle » pour les grands groupes dans le budget 2025, sous forme d'une surtaxe de 8,5 points de l'impôt sur les sociétés.

« Il faut des contributions exceptionnelles à la fois pour le déficit et pour financer la transition écologique ce qui est vital face au réchauffement climatique », a-t-il ajouté, tout en insistant sur la nécessité de « faire des économies d'abord ». « La logique des gestes fiscaux qu'il faut faire, c'est la justice fiscale. Il faut éviter de taxer la France qui travaille, les couches moyennes, les couches populaires », a encore déclaré l'ancien ministre PS des Finances de François Hollande.

Selon Le Monde, outre la surtaxe temporaire pour les grandes entreprises, le gouvernement réfléchirait à introduire une taxe sur les rachats d'actions et à alourdir l'écotaxe automobile et la fiscalité imposée aux locations de type Airbnb. Aucune augmentation de l'impôt sur le revenu ne serait en revanche à l'ordre du jour.

Pierre Moscovici s'est, en revanche, opposé à la suppression de l'aide médicale d'État (AME), en tant que « citoyen », et au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), estimant que cela ne serait « pas forcément le bon signal à donner pour l'activité économique à court terme ». L'AME est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins.

Retard du budget 2025

Le gouvernement de Michel Barnier devrait dévoiler le 9 octobre son projet de budget pour 2025. Sa transmission a pris du retard en raison des élections législatives anticipées et de la nomination tardive d'un nouveau Premier ministre. Le calendrier devient de plus en plus serré pour que le texte soit examiné dans les délais fixés par la loi pour une adoption avant la fin de l'année. Contacté par l'AFP, Bercy s'est refusé à commenter les pistes du Monde, assurant que « les derniers arbitrages sont encore à rendre ».

Le prochain budget doit être « très sérieux » car il « va être extrêmement scruté », a prévenu dimanche Pierre Moscovici, alors que le déficit public devrait dépasser 6% du produit intérieur brut (PIB) cette année et que les taux auxquels la France emprunte sur les marchés ont dépassé ces dernières semaines ceux de plusieurs pays voisins du sud de l'Europe.

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