Le directeur de la communication corporate du groupe Kering était l'un des dix invités de la conférence «Les dircoms les plus innovants», organisée dans le cadre du Stratégies Festival.
Qu’est-ce que l’innovation dans un groupe de luxe comme Kering ?
Le luxe selon Kering, ce sont à la fois des produits exceptionnels issus d’un héritage et d’un savoir-faire, la créativité de nos maisons qui permet aux consommateurs de s’exprimer à travers leurs vêtements et accessoires, et un luxe durable et responsable. Le groupe a innové en étant le premier à publier un compte de résultat environnemental en 2013. Nous avons mis en place différents laboratoires d’innovation durable en Italie, sur les matériaux, la durabilité, la qualité, pour améliorer notamment l’impact environnemental de nos produits. Par ailleurs, au sein de notre direction Innovation, notre structure Kering Ventures prend des participations dans des start ups qui imaginent de nouvelles matières, comme le mycélium en alternative au cuir. Nous menons d’autres initiatives de soutien aux start ups, comme les Kering Generation Awards en Chine, qui ont par exemple récompensé l’année dernière un projet de revalorisation des résidus de fabrication de la céramique.
Quelle est votre position par rapport à l’intelligence artificielle ?
Notre PDG François-Henri Pinault est passionné par la tech, il se rend régulièrement dans la Silicon Valley pour explorer le sujet de l’IA. Il croit beaucoup dans la culture du ‘test and learn’ venue du digital, qui n’est pas forcément celle du luxe où l’on veut que tout soit parfait dès le début, mais qui est essentielle pour innover. Nous organisons pour nos collaborateurs des ateliers et des hackathons pour leur permettre de s’approprier les outils du Web 3, du metaverse, de l’IA générative. Nous invitons des experts comme Yann Le Cun de Meta ou Arthur Mensch de Mistral IA. Au niveau business, l’IA est présente dans les fonctionnalités e-commerce, dans la gestion des stocks…
Comment cet esprit d’innovation se traduit-il en communication ?
Au-delà de mettre en avant l’innovation dans nos prises de parole, nous innovons aussi en mettant sur la table des sujets qui ne sont pas habituels dans le secteur du luxe. On a été les premiers à parler de l’impact environnemental de notre industrie il y a une dizaine d’années ; François-Henri Pinault a initié le Fashion Pact en 2019 qui réunit aujourd’hui plus de 60 entreprises. Auparavant, Kering s’était engagé dès 2008 sur un sujet encore tabou à l’époque, les violences faites aux femmes, à travers la Fondation Kering. En France nous soutenons la Maison des femmes de Saint-Denis, aux États-Unis nous organisons des dîners de charité pour lever des fonds pour les ONG.
En matière de communication, nous innovons dans les formats en appliquant aussi le « test and learn » : nous avons lancé des podcasts sur le développement durable, et sur notre partenariat avec le festival de Cannes, Women in motion. Grâce à nos équipes chinoises, nous avons associé des KOLs (key opinion leaders) aux Journées du patrimoine, à notre soutien aux femmes dans la chorégraphie… Nous soignons beaucoup nos réseaux sociaux notamment Instagram, le terrain de jeu naturel du luxe, mais aussi désormais TikTok, avec des contenus esthétiques, divertissants et différenciants.
