Le directeur de la Global Data & AI Academy de Schneider Electric était l'un des dix invités de la conférence «Les directeurs marketing champions de l'IA», organisée dans le cadre du Stratégies Festival.

Comment un groupe employant 150 000 personnes et implanté dans environ 100 pays s’est mis à l’IA ?

L’intelligence artificielle n’était pas une technologie nouvelle chez Schneider mais, dès 2021, nous avons nommé notre premier Chief AI Officer et mis en place l'« IA Hub », un pôle d’experts qui travaillent main dans la main avec nos business. Il s’agissait de créer de la valeur via des solutions d’IA pour le groupe, avec deux objectifs : accroitre notre productivité interne et intégrer l’IA dans les produits, solutions et services pour nos clients. La mise en œuvre a pris deux formes : soit par l’achat de solutions existantes de fournisseurs, qui sont adaptées pour être implémentées ; soit par la construction de nos propres solutions d’IA avec les équipes de l’IA Hub installées à Boston, Bangalore, Paris et Grenoble. Des solutions que l’on déploie ensuite à l’échelle, c’est-à-dire qu’elles elles sont utilisées par des services entiers.

Avez-vous des exemples concrets de solutions déployées à l’échelle ?

Nous l’avons fait avec une version sécurisée de Chat GPT ; ou avec Sales Copilot, solution pour assister les commerciaux ; ou bien avec Github Copilot, qui permet aux développeurs de travailler plus efficacement sur le code. Nous avons par ailleurs développé en interne une BOT solution pour que nos centres d’appels répondent plus rapidement aux clients. Pour ces créations, nous nous appuyons sur l’IA Hub, en fonctionnant par équipe de projet qui réunit des experts en technologies et des experts par métier, comme les finances, le commercial, le marketing…

Alors que les entreprises s’inscrivent généralement dans une démarche de test & learn avec l’IA, pourquoi privilégier l’adoption globale chez SE ?

Beaucoup essayent de tester la validité de concepts en faisant des pilotes, ce n’est pas notre choix. En effet, si vous avez cinq départements dans cinq pays distincts qui se lancent dans des choses très différentes, cela devient très compliqué de les décliner pour un groupe de notre taille. Il faut pouvoir travailler en centralisant, en développant des solutions qui peuvent être déployées dans l’ensemble du groupe pour maximiser la valeur que l’on va pouvoir créer.

Quelle est votre approche de la formation, en tant que directeur de la Global Data & AI Academy Schneider Electric ?

Selon l’étude ISACA, 73% des entreprises déclarent que leurs salariés utilisent l’IA au travail, mais seulement 30% leur proposent des formations dans les technologies. Les entreprises investissent beaucoup dans les technologies, peu dans les compétences. Or celles-ci constituent un point critique, l’humain compte énormémentpour embarquer les équipes dans l’IA et mener à bien son adoption. C’est pourquoi nous avons lancé un plan de formation ambitieux, qui cible quatre audiences. Dont notamment un programme visant à doter tout le monde d’un fond commun sur l’IA. Il est constitué d’abord d’un module de 30 minutes sur les bases ; puis d’un module de 60 minutes sur la stratégie IA du groupe et pour permettre de passer de la compréhension à l’utilisation responsable. À ce jour, 33 000 salariés ont suivi ces formations en 2024, et 92 000 cours ont été suivis. Nous avons par ailleurs des formations pour le management et le top management, pour les partenaires business et pour nos 350 experts du IA Hub.