Climat

La 26e édition de la COP, qui a réuni 196 pays en novembre 2021 à Glasgow, devait statuer sur les manières d’intensifier l’action mondiale pour résoudre la crise climatique. Mais la conférence sur le climat affiche des résultats contrastés, selon des experts.

Très, voire trop attendue, la COP 26 a tant divisé qu’en dresser son bilan n’est pas chose aisée. « Sa tenue coïncidait avec la révision des objectifs des pays pour contenir le réchauffement climatique à + 1,5 °C fixé par les Accords de Paris, rappelle Anouk Faure, experte marché carbone R & I chez EcoAct (groupe Atos). Cela implique une réduction des émissions mondiales de 45 % à horizon 2030. Or avant le sommet, nous allions sur une augmentation de 14 %. » L’urgence était donc là, mais le pacte de Glasgow n’a pas créé le choc escompté, les nouveaux engagements ne contenant le réchauffement qu’à hauteur de 2,3 °C.

Doit-on donc parler d’échec ? Pour Helen Etchanchu, professeure associée en entrepreneuriat et stratégie à la Montpellier Business School, le compte n’y est pas : « le peu d’avancées concrètes manque d’ambition, sans exiger de réelles transformations de nos pratiques économiques ». D’autres experts préfèrent nuancer. « L’opinion mondiale attend trop des COP, dont l’objectif est de fixer les caps globaux sans caractère contraignant, estime Anouk Faure. Certes, les derniers résultats sont insuffisants, mais ils nous rapprochent de l’objectif. Aux pays de faire évoluer le cadre réglementaire en conséquence. »

Plusieurs accords multilatéraux, comme ceux relatifs au charbon, à la déforestation, à la fin des voitures thermiques… ont contribué à faire baisser les scénarios prévisionnels. Celui portant sur le méthane, engageant 40 % des émetteurs mondiaux à réduire les émissions de 30 %, a été unanimement salué par les observateurs. Autre point positif relevé par Anouk Faure : les progrès réalisés pour la construction d’un marché carbone mondial cohérent permettant de mieux travailler les trajectoires de neutralité carbone des pays. « L’article 6 de l’Accord de Paris clarifie enfin les possibilités de collaboration et les règles de comptabilité de crédits carbone pour atteindre les objectifs de chacun, et c’était un des grands enjeux. Par ailleurs, de gros émetteurs, comme l’Australie et l’Inde, ont soumis de nouveaux objectifs, s’engageant sur une neutralité en milieu de siècle. »

Enfin, avec 6 000 sociétés présentes et 20 secteurs représentés, la mobilisation du monde des entreprises a constitué l’heureuse surprise de cette édition écossaise. Si celles-ci n’étaient pas parties prenantes dans les négociations, elles ont tout de même su sceller, en marge, quelques premiers accords ambitieux sur la décarbonation de leurs filières.

La question à laquelle cette COP n’aura toujours pas su apporter de réponse forte sur le financement. Un constat qui alarme Helen Etchanchu : « il s’agira de fait du sujet crucial de la COP 27, puisqu’il pose un problème de responsabilité sociale majeure. Les pays en voie de développement, plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre, paient cher aujourd’hui les conséquences climatiques de la consommation excessive des pays industrialisés. Et ces derniers ne tiennent pas leurs engagements d’aide fixée à 100 milliards de dollars par an depuis 2009 à Kyoto ». Rendez-vous à Charm el-Cheikh en novembre prochain pour trancher.

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