A l'occasion de la conférence Les 10 dircoms innovants, organisée dans le cadre du Stratégies Festival, la vice-présidente et directrice de la communication de Thales revient sur la place de l'innovation dans l'exercice de son métier.
Comment passe-t-on de Publicis à Thales ?
Ces deux groupes ont en commun l’innovation et une grande variété de métiers. Chez Thales, sur 80 000 collaborateurs, 33 000 sont des ingénieurs. Les équipes R&D travaillent sur des innovations qui nécessitent 5 à 10 ans de développement. Les dirigeants de ces deux entreprises ont anticipé le virage du digital et Thales est désormais parmi les cinq leaders mondiaux en cybersécurité avec l’acquisition d’Imperva cet été.
Sur le plan personnel, j’ai grandi au Maroc, vécu sept ans aux États-Unis et près d’un an en Asie. J’ai contribué au lancement des Creative Business Awards chez Havas, VivaTech chez Publicis, j’ai cassé les codes de la présentation des vœux de Maurice Lévy, ce qui nous a valu un Lion à Cannes. Cette culture internationale et ce goût pour l’innovation les ont sans doute intéressés dans mon profil.
Qu’avez-vous changé dans la communication de Thales ?
Lorsque j’ai pris mes fonctions en 2019, la culture était très BtoB. Le groupe s’exprimait essentiellement en communication financière et sur les gains de contrats. Avec mon équipe, nous avons travaillé le storytelling et une communication 360 davantage orientée vers le grand public. Pour émerger et se distinguer, il faut savoir bousculer les codes et être pionnier. Notre PDG, Patrice Caine, a été le premier grand patron à affirmer, lors de notre ESG Day d’octobre 2022 : « Il n’y a pas de durabilité sans sécurité. » Thales, ce sont souvent des technologies invisibles embarquées dans des systèmes complexes, tels que la gestion du trafic aérien, le Rafale de Dassault Aviation, les sous-marins de Naval Group ou encore la sécurisation de 80% des transactions bancaires mondiales.
Afin de valoriser ces expertises, j’ai créé le Thales Speakers Bureau, qui propose des intervenants passionnés pour parler de quantique, d’intelligence artificielle, de cloud ou de cybersécurité. Cela permet de rendre Thales plus visible et attractif notamment dans notre communication de recrutement. Notre objectif cette année est de recruter 12 000 personnes. Nous avons revu notre stratégie de contenu avec des podcasts, des tribunes, une identité sonore et visuelle… Tous ces éléments contribuent à renforcer notre culture d’entreprise et à susciter un sentiment de fierté auprès de nos 80 000 collaborateurs. Cela me passionne d’expliquer qu’un des fleurons de l’industrie européenne, aux racines françaises, contribue à la sécurité des citoyens dans leur quotidien. Cela donne encore plus de sens à mon travail.
Comment définiriez-vous votre métier ?
En communication, il faut constamment se réinventer, jongler entre le temps long et le temps court, savoir être disruptif à bon escient. Il faut être dans l’anticipation, varier les approches et les formats, raconter une histoire pour avoir de l’impact, tout en restant en ligne avec la stratégie de la marque. Sans oublier la notion de KPI : après chaque campagne ou événement, nous évaluons les résultats et les partageons avec nos parties prenantes, en commençant par les communicants du groupe afin de nous améliorer. Il faut aussi trouver le temps de célébrer les succès avec les équipes. C’est cette alchimie qui donne envie à chacun d’être créatif, de confronter des idées et de faire la différence.