Les constructeurs chinois partiront massivement à l’assaut de l’Europe lors du salon de l’automobile de Munich, qui s’ouvre dans un contexte économique défavorable. 

Les constructeurs chinois et leurs modèles électriques sont attendus en force au salon de l'automobile de Munich (IAA), qui veut, pour sa deuxième édition, s'ouvrir encore plus à toutes formes de mobilités face à la contestation écologiste. Le traditionnel rendez-vous du secteur automobile allemand - qui sera inauguré mardi 5 septembre par le chancelier allemand Olaf Scholz après une journée réservée aux journalistes la veille - s'ouvre dans un contexte économique morose. 

Guerre en Ukraine, ralentissement de la croissance chinoise, inflation spectaculaire dans la zone euro... Les nuages s'accumulent sur l'automobile, secteur clé de l'industrie européenne et surtout allemande. Si les ventes de voitures dans l'Union européenne (UE) progressent depuis douze mois, elles restent plus de 20 % en deçà de leur niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19. Les constructeurs historiques se retrouvent confrontés à une concurrence chinoise de plus en plus réelle, qui menace leur position dominante sur le marché d'avenir des voitures électriques. « Avec l'IAA 2024, les constructeurs chinois lancent leur assaut sur l'Europe. La compétition devient plus rude », résume Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research en Allemagne.  

Tesla de retour 

Parmi les exposants, 41 % ont ainsi leur siège en Chine. Et plusieurs constructeurs chinois, dont BYD et Leapmotor, pourraient voler la vedette à Volkswagen, BMW et Mercedes. Stellantis ne sera représenté que par sa marque allemande Opel, tandis que du côté du groupe Renault, seule la marque éponyme fait le déplacement pour dévoiler son nouveau Scénic. A l'inverse, Tesla, célèbre absent des grand-messes automobiles, sera de retour sur le salon après dix ans d'absence. Le but ? Voler la vedette aux plus grandes marques européennes. Le groupe d'Elon Musk « s'aligne petit à petit avec le secteur automobile, et l'entreprise qui n'a jamais fait de marketing commence à en faire », synthétise Matthias Schmidt, analyste indépendant du secteur établi en Allemagne. 

Impératif écologique 

Les constructeurs allemands, longtemps fierté nationale mais aujourd'hui fragilisés, seront présents. Ils tenteront de convaincre en mettant en avant leurs modèles électriques face à la concurrence asiatique. L'impératif écologique est une autre priorité affichée du salon, rendez-vous biannuel du secteur, mais également de ses détracteurs, d'autant que les groupes affichent d'insolents bénéfices, tirés par l'inflation. Plusieurs groupes écologistes ont annoncé des « actions de désobéissance civile » afin de « perturber » l'IAA. L'édition précédente avait déjà été touchée à la marge par des manifestations. Au total, quelque 700 000 visiteurs sont attendus, contre 410 000 en 2021. Rebaptisé IAA Mobility en 2021, quand le traditionnel salon de l'automobile allemand a déménagé de Francfort à Munich, l'événement met désormais en avant « la mobilité, la durabilité et la technologie » plus que l'automobile. 

Un moyen, aussi, de tenter de réagir à la perte de vitesse des grands salons automobiles mondiaux, boudés par de plus en plus de constructeurs, qui n'y trouvent plus leur compte, notamment en termes de publicité. En 2022, le Mondial de l'automobile à Paris, réduit à une semaine au lieu de deux pour les éditions précédentes, avait attiré 400 000 visiteurs contre un million en 2018. De nombreux groupes, comme Volkswagen, BMW ou Ferrari avaient manqué à l'appel, contrairement aux entreprises chinoises comme BYD. 

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