Après deux sursis pour cause de valse des prix dans les magasins, la fin de l'impression systématique du ticket de caisse papier va bien entrer en vigueur au 1er août.
Ce devait être en janvier, puis en avril, ce sera finalement en août : deux reports plus tard, cette mesure prise au nom de l'écologie va bien entrer en vigueur mardi 1er août, a confirmé lundi 24 juillet le cabinet de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire, lors d'un point presse téléphonique. « La ministre avait souhaité un report au moment où l'inflation des prix en grandes surfaces était au maximum. (Or) depuis plusieurs semaines, on observe un reflux de l'inflation », avance le cabinet d'Olivia Grégoire, reconnaissant que l'inflation « reste très élevée » (mesurée à 13,6% sur un an en juin par l'Institut national de la statistique et des études économiques) tout en assurant que le reflux « va se poursuivre ».
Plusieurs associations de consommateurs, dont l'UFC-Que Choisir et Familles rurales, avaient rappelé que ce ticket est « un outil de gestion du budget familial » de nombreux ménages, qui permet de « vérifier l'exactitude du montant de la transaction ». Du côté du cabinet d'Olivia Grégoire, on martèle que « ce n'est pas la suppression du ticket ou l'interdiction de sa délivrance » dont il est question au 1er août, mais « la possibilité pour le consommateur de refuser le ticket de caisse ». De fait, la facturette ne va pas disparaître : les clients le souhaitant pourront toujours demander son impression, pour lever un doute sur un prix par exemple. Dans certains cas, un ticket reste d'ailleurs imprimé systématiquement : au restaurant ou à l'hôtel, quand la garantie doit être rappelée sur le ticket (pour de l'électroménager ou de la téléphonie typiquement), pour les opérations annulées ou encore quand le ticket concerne une prestation de services (coiffeur, garagiste...) d'un montant supérieur à 25 euros.
Un enjeu environnemental chiffré à 150 000 tonnes de papier
Fin mars, l'association Perifem qui réunit les acteurs de la distribution autour de questions énergétiques ou environnementales estimait que les Français sont « encore plus de la moitié à dire vouloir demander un ticket sous format papier ». Le cabinet d'Olivia Grégoire espère que l'entrée en vigueur de la mesure au cœur de l'été va « laisser du temps pour adopter les nouveaux réflexes à la rentrée ». Les commerçants devront tous mettre en place près des caisses « un affichage qui dira explicitement que c'est désormais au consommateur de demander le ticket de caisse ». La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) effectuera des contrôles sur ce point et vérifiera « la cohérence entre le prix affiché en rayon et le prix passé en caisse », ajoute Bercy.
Cette mesure, qui découle de la loi « anti-gaspillage et économie circulaire » votée en 2020, vise à réduire la production de déchets. Aujourd'hui, pas moins de 12,5 milliards de tickets de caisse sont imprimés chaque année en France. Certains sont très petits et seraient ainsi difficiles « à collecter et à recycler ». En termes de conséquences environnementales, ceux-ci représentent 150 000 tonnes de papier, soit 25 millions d'arbres coupés et 18 milliards de litres d'eau consommés, selon Bercy. L'impact de la mesure telle qu'elle va entrer en vigueur au 1er août n'est en revanche pas connu. Pour les consommateurs qui souhaiteraient obtenir un ticket de caisse dématérialisé, la Cnil, commission garante des libertés face au numérique, a publié le 10 mars ses recommandations pour le respect de la vie privée. Des solutions existent pour obtenir un ticket de caisse sans communiquer de coordonnées personnelles, en premier lieu le QR Code, à l’aube d’une nouvelle ère.