La fin de l’impression systématique des tickets de caisse, prévue à partir du 1er avril, a été de nouveau repoussée en raison de l’inflation dans les rayons. Une nouvelle date doit être annoncée en début de semaine par le gouvernement.
« C’est un report, cela ne remet pas du tout en question le bien-fondé de cette mesure de bon sens, qui sera appliquée. C’est juste qu’il faut qu’on soit pragmatique, qu’on s’adapte au contexte », a indiqué dimanche à l’AFP le cabinet d’Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce, suite à des informations parues dans la presse. « Quand vous avez une inflation à 15 % dans les rayons, que le ticket de caisse est un repère pour beaucoup de Français, il nous semblait important de garder ce repère » le temps de « passer le pic inflationniste », a-t-on ajouté.
Initialement prévue à partir du 1er janvier 2023, la fin de l’impression systématique des tickets de caisse à l’issue d’une transaction commerciale (sauf demande explicite du client) avait déjà été décalée au 1er avril. Elle découle de la loi « antigaspillage et économie circulaire », votée en 2020, et a comme objectif de réduire la production de déchets, alors que près de 30 milliards de tickets sont actuellement imprimés chaque année en France.
À lire aussi : La fin du ticket de caisse, et après ?
Une nouvelle date sera annoncée « en début de semaine », via un décret au Journal officiel à l’issue d’un arbitrage de Matignon entre les dates du 1er août et du 1er septembre. Le ministère d’Olivia Grégoire se dit pour sa part « plutôt favorable à la première date », en août, « car cela permet aux gens de s’habituer et de préparer les achats plus importants au moment de la rentrée ». Avec la valse des prix de l’inflation alimentaire notamment en grandes surfaces, cette mesure prise au nom de l’écologie suscite encore de l’incompréhension en rayons, les consommateurs consultant fréquemment leur ticket de caisse pour vérifier le détail de leurs courses.
« Pas pratique de regarder sur internet »
« Dans le contexte d’inflation et de pression grandissante sur le pouvoir d’achat, c’est une bonne chose d’accorder un délai supplémentaire afin que les enseignes s’organisent pour proposer des solutions dématérialisées alternatives que les consommateurs pourront adopter progressivement », a réagi dimanche Franck Charton, délégué général de Perifem. Il y a quelques jours, cette association au sein de laquelle les acteurs de la distribution travaillent sur les sujets techniques, notamment énergétiques ou environnementaux, avait indiqué que les Français étaient « encore plus de la moitié à dire vouloir demander un ticket sous format papier ».
Jean-Claude Glissant, quarantenaire interrogé plus tôt dans la semaine par l’AFP à la sortie de l’hypermarché E.Leclerc de Pantin en Seine-Saint-Denis, fait partie des consommateurs opposés à la fin du ticket papier. « Cela fait faire des économies, c’est bon pour la planète, je sais… Mais pour mes comptes, regarder tout le temps sur internet, ce n’est pas pratique », rouspète-t-il. Lucia Freixeda, 62 ans et pas encore retraitée, montre quant à elle son propre ticket de caisse : « il y a une erreur là, vous voyez ? Sur la borne à l’intérieur du magasin, c’était marqué 1,99 euro, et là c’est 2,99 euros », explique-t-elle. Même quand les tickets ne seront plus automatiquement proposés par les commerces, elle les « demandera quand même ». À Toulouse, dans un quartier du centre, l’idée de recevoir son ticket par voie électronique fait sourire Ahmed Sessi, 74 ans, qui estime être « trop vieux pour comprendre comment ça marche » et juge qu’il est important de « savoir combien il a payé pour un article donc vérifier si le prix a augmenté ».
Mais certains consommateurs se disent également favorables à la fin de l’impression de ces tickets : Alice Cribier, traductrice indépendante de 31 ans interrogée à Toulouse, pense que « c’est très bien, puisque ça va diminuer la consommation de papier, ce qui est une bonne habitude à prendre ». Pour Ouhadda Badreddine, également à Toulouse, « ça va moins polluer », cet étudiant de 21 ans indiquant qu’il surveillera « peut-être plus (ses) dépenses si plus de commerces offrent le ticket sur leur application ».