La start-up qui s'adresse au secteur de la restauration et à l'événementiel vient de lever 6 millions d’euros. Gestion des stocks par la data, bornes de retour... Sa cofondatrice, Yasmine Dahmane, nous explique son modèle.
En quoi consiste la start-up Bibak, qui s'appelait auparavant La Consigne GreenGo ?
C’est une solution tech et industrielle qui incite au réemploi des contenants dans la restauration et l’événementiel. Suite à l'entrée en vigueur début janvier de la loi Agec (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire), les restaurants de plus de 20 places assises sont contraints de supprimer l’emballage jetable notamment pour la vente sur place et doivent la remplacer par de la vaisselle réutilisable. Avec Bibak, nous sommes convaincus que c’est grâce à la tech qu’on va pouvoir proposer des modèles pérennes et permettre à nos clients, notamment restaurateurs, de mettre en place des process opérationnels et ainsi rentabiliser un modèle économique. L’objectif de notre tech est donc de faciliter la transition du packaging jetable vers le réutilisable. Elle va permettre de lever les freins pour les restaurateurs et faciliter, grâce à un parcours conso très simple et ludique, l’adoption à ce nouvel usage.
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Quelles sont les solutions proposées aux professionnels ?
Notre solution tech repose sur trois briques. La première brique passe par la data, qui va se matérialiser au travers d’une plateforme, accessible à nos clients et qui va faciliter leur quotidien. Ils vont pouvoir visualiser en temps réel leur stock, et faire des inventaires automatiques à des points stratégiques sur le point de vente, par exemple en zone de stockage, dans les poubelles et même à l’extérieur des restaurants si le lavage de la vaisselle est externalisé. Notre technologie localise la perte de vaisselle et la quantifie. Nos clients vont donc pouvoir limiter cette perte via des mécanismes incitatifs.
La deuxième brique concerne la collecte. Tout l’enjeu, c’est de fluidifier le parcours conso pour les clients qui vont aller déjeuner dans les fast-foods. Le retour de la vaisselle n’est pas toujours simple, donc on a mis à disposition des bornes de retour adaptées à la réalité terrain, munies de capteurs RFID. Ces bornes sont pourvues d’un écran qui va guider le consommateur dans sa démarche. Si elles sont principalement là pour comptabiliser la vaisselle, elles peuvent aussi servir à rembourser les consommateurs dans le cas d’une éventuelle consigne. C’est une technologie qui est unique en France et en Europe.
Enfin, la troisième brique c’est une solution de cashback et de gamification intégrée aux solutions de paiement existantes. Une fois qu’on a compris le flux de vaisselle dans les magasins et les comportements des utilisateurs, on va analyser la data qu’on collecte avec l’enseigne et on la va modéliser. L'idée est d'aboutir à des rewards personnalisés. Le consommateur va rendre sa vaisselle dans la borne de retour, et pourra se voir récompensé d’un burger, d’un café, ou d’une place de cinéma.
À qui s’adressent ces solutions ?
On travaille essentiellement avec la restauration, et tout ce qui est lié à la restauration collective. On travaille aujourd’hui avec 200 clients, dont des grandes entreprises du CAC 40, comme Société Générale, Danone, Engie, ou encore Hermès, mais aussi avec des enseignes de fast-food comme Quick, KFC ou Burger King.
L’autre catégorie de clients touche à l’événementiel, qui est de plus en plus contraint de supprimer l’emballage jetable à cause de la pression réglementaire, mais aussi en raison d'ambitions fortes du secteur. Par exemple, pour les JO 2024, l’ambition, c’est zéro plastique. Donc il y a eu beaucoup de tests pour des parcours de réemploi et de consignes. Cet événement a véritablement fait accélérer notre business.
On adresse également la livraison de repas. On travaille par exemple avec Uber Eats, avec qui on permet un parcours de consignes directement intégré sur sa plateforme. Enfin, on travaille avec les industriels, à travers la grande distribution. Les produits concernés sont typiquement ceux dont l’emballage est maîtrisé par le magasin.
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Quel est votre modèle économique ?
On a un business model qui est très similaire à celui du SAS, donc nos clients vont payer un abonnement pour pouvoir avoir accès à notre plateforme. Le montant varie en fonction du flux de données qui va transiter. Ça va d’une vingtaine à une centaine d’euros. On va aussi compléter cet abonnement fixe avec un coût variable par transaction de remboursement qu’on va effectuer ou par récompense qu’on a débloquée. C’est l’aspect un peu fintech de notre solution.
Pourquoi cette levée de 6 millions d’euros aujourd'hui, menée auprès de vos investisseurs historiques, Founders Future et la MAIF Start UP Club, et d'un nouveau, le fonds Blue Ocean de Swen Capital Partners ?
Cette levée de fonds va nous servir à deux choses. D'abord à apporter de l’innovation à notre produit. Il faut qu’il soit industrialisable et qu’il réponde aux besoins qui évoluent très vite. Notre ambition, c’est d’avoir une longueur d’avance sur le produit par rapport à notre client.
La deuxième chose concerne la partie recrutement. On recherche des profils tech, mais aussi des profils commerciaux, parce qu’on a l’ambition d’appréhender l’international. Nous avons déjà signé des contrats avec des pays frontaliers, on commence véritablement à se tester cette année avec le Luxembourg et la Suisse. L’idée, c’est dès l’année prochaine d'étendre notre solution à l’échelle européenne. Lors de ce tour de table, nos investisseurs ont pu valider que l’entreprise était la plus avancée sur le réemploi à l’échelle européenne.