Recyclage

Le gouvernement relance un vieux débat sur la mise en place de consignes pour les bouteilles plastique en France, dans le cadre de la loi antigaspillage.

Acheter un peu plus cher sa bouteille d’eau puis la rapporter au supermarché, vide, contre quelques centimes rendus par un automate ? Ou améliorer le tri des déchets plastique, à la maison et dans la rue, pour augmenter les volumes de recyclage ? Cela pourrait bientôt être la réalité.

Le gouvernement relance, lundi 31 janvier, un débat sur la mise en place éventuelle de consignes pour les bouteilles plastique en France, une initiative envisagée par le gouvernement lors du vote de la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) en 2020, mais avortée sous la vive opposition des collectivités locales.

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Industriels de l’agroalimentaire, de l’embouteillage, supermarchés, associations d’élus, de consommateurs et ONG, quelque 70 parties prenantes sont conviées à partir le lundi 30 janvier par la secrétaire d’État à l’Écologie Bérangère Couillard, qui compte décider en juin. Dans les pays où elle existe, comme en Allemagne, la consigne - c’est-à-dire le remboursement du contenant aux consommateurs qui rapportent leurs bouteilles vides sur un point de collecte - fonctionne bien et permet d’augmenter les taux de recyclage.

Les objectifs européens de taux de collecte des bouteilles plastique sont de 77 % en 2025 et 90 % en 2029. Or, les performances de la France plafonnent en dessous de 60 % car les emballages plastique ne sont pas suffisamment bien collectés, voire pas triés du tout dans la plupart des poubelles de rue ou sur les lieux de travail.

« Grâce au dialogue qui va s’instaurer sur plusieurs mois, nous pourrons prendre la décision qui répondra au mieux à nos objectifs principaux : atteindre un meilleur taux de collecte des bouteilles, viser 100 % de plastique recyclé, développer le réemploi et lutter contre les dépôts sauvages », a déclaré Bérangère Couillard la semaine passée en invitant à la concertation.

Au gouvernement, on admet que l’imposition d’une consigne sur les bouteilles plastique, une disposition retirée in extremis lors du vote de la loi Agec sous la pression des collectivités, aurait eu pour effet de diminuer les flux de plastique dans les bacs jaunes des déchets ménagers triés pour le recyclage, et de réduire les revenus des centres de tri pilotés par les communes. Négocié entre 600 et 700 euros la tonne, le plastique PET à recycler est en effet devenu une manne pour eux.

Pillages de poubelles

Et les centres de tri ont investi massivement dans de coûteuses machines pour améliorer le tri, matériau par matériau et emballage par emballage. Ce qui a enfin permis, après plus d’une décennie de préparatifs, de simplifier depuis le 1er janvier les consignes de tri pour quasiment tous les Français, ouvrant l’espoir d’augmenter enfin les volumes de recyclage. Désormais tous les emballages quels qu’ils soient doivent être jetés dans les poubelles jaunes : tous les plastiques (PET, polystyrène, PVC…), les canettes ou aérosols en aluminium, boîtes de conserve en acier, et bien sûr les papiers et cartons.

Mais des automates de collecte de bouteilles se multiplient un peu partout, reconnaît-on au ministère, sortes de « dépôts sauvages […] qu’il va falloir organiser ». Car tout le monde a intérêt à récupérer ce plastique : les industriels de la plasturgie doivent obligatoirement inclure un pourcentage minimum de plastique recyclé dans leurs produits pour remplir leurs obligations climatiques européennes ; les collectivités, elles, en tirent un revenu. Dans certaines villes, ces dépôts « sauvages » ont « conduit des réseaux parallèles à mener des pillages de poubelles jaunes pour alimenter les automates », relève-t-on de même source.

La peur d’une baisse de la mobilisation

La consigne a des avantages. Dans les pays où elle existe, elle augmente significativement le taux de collecte des plastiques, font valoir les professionnels. Elle intéresse aussi les distributeurs car les automates attirent certains clients qui avaient déserté les supermarchés depuis la période Covid, note un observateur. A contrario, « la consigne monétise un geste de tri, qui risque de se dévaluer complètement », critique Nicolas Garnier de l’association Amorce, qui regroupe les collectivités organisatrices de la collecte et du tri des déchets. « Elle risque de réduire la mobilisation des Français pour trier leurs déchets chez eux ».

La consigne aboutit aussi à un surcoût alimentaire pour les imprévoyants qui oublieraient de rapporter leurs bouteilles vides, puisque ceux-là ne récupéreront pas la « caution » versée pour l’achat de leur bouteille.

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