Cannes, symbole de rêve… Un rêve que la pandémie a stoppé en mars 2020. Pour la deuxième ville organisatrice de salons professionnels en France après Paris, dont le moteur, le Palais des Festivals et des Congrès, accueille chaque année une cinquantaine d’événements, le choc a été rude. Entre pertes de recettes et dépenses supplémentaires, la mairie a vu disparaître 9,3 millions d’euros. « Nous avons perdu 73 % à 75 % de notre chiffre d’affaires », ajoute Didier Boidin, directeur général du Palais des Festivals.
Les uns après les autres, les salons ont été contraints de déserter : festival de Cannes, Cannes Lions, MipTV, Midem (musique), Mipim (immobilier), pour ne citer qu’eux. Et une timide activité en septembre-octobre 2020 n’a pas permis de redresser la barre. Or un événement annulé, c’est tout un écosystème qui souffre : 550 lieux événementiels mais aussi 130 hôtels, des villas, des traiteurs, des prestataires techniques… À titre d’exemple, quasiment moitié moins de nuitées ont été décomptées. « Une année normale, c’est 850 millions d’euros de retombées économiques, 45 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le Palais. Les Cannes Lions, c’est un impact de plus de 3 millions pour le Palais et plus de 30 millions sur le bassin cannois », pose le dirigeant.
« Affluenceurs »
La reprise se profile désormais avec en point d’orgue le festival de Cannes du cinéma qui, décalé, démarrera bel et bien le 6 juillet. Ce premier événement d’ampleur concentre les espoirs, même si le calendrier inhabituel, pendant les congés d’été, conduit à adapter l’organisation. « Il y aura un mélange de B to B et de B to C, les espaces seront repensés différemment », remarque Antoine Dray, dirigeant de l’agence événementielle A.D.R, basée à Cannes et à Paris. Le Palais des Festivals s’est aussi adapté. Au-delà du protocole sanitaire, il est monté en puissance sur la digitalisation. Un partenariat avec le salon de la réalité virtuelle et augmentée Laval Virtual a été noué et un studio digital est annoncé pour septembre.
La municipalité, de son côté, a versé des aides économiques à hauteur de 12 millions d’euros et travaillé pour rebooster son attractivité. En témoigne un partenariat annoncé en mai 2021 l’unissant à l’université Côte d’Azur (basée à Nice), TikTok et la société Launchmetrics pour le lancement d’une formation sur les « affluenceurs », consommateurs aisés influençant les comportements d’achat des autres.
Reste des incertitudes, en particulier l’échéance du retour de la clientèle internationale. Et il n’est pas certain que tous les événements et déplacements d’affaires revoient le jour. Voilà pourquoi le Palais, dans une logique « d’incubation », prépare le lancement de ses propres salons, comme sur l’intelligence artificielle en février 2022. Trois autres projets devraient suivre.