Le plasticien américain Jeff Koons a été condamné mardi 23 février en appel à Paris pour «contrefaçon», pour avoir copié une publicité de la marque française de prêt-à-porter féminin Naf-Naf dans une sculpture exposée à Paris en 2014.
La cour d'appel a confirmé le jugement du tribunal de Paris de novembre 2018, en augmentant les dommages et intérêts accordés au publicitaire Franck Davidovici, concepteur du visuel «Fait d'hiver» pour Naf-Naf en 1985, sur lequel apparaissaient une femme et un cochon.
La cour d'appel a par ailleurs interdit à l'artiste d'exposer cette sculpture en porcelaine de 1988 qui porte le même nom et de la reproduire, notamment sur internet, sous astreinte de 600 euros par jour, à compter d'un mois après la décision.
Jeff Koons, mais aussi la société dont il est le gérant et le Centre Georges Pompidou, qui avait exposé l'œuvre lors d'une rétrospective, ont été condamnés à verser solidairement 190 000 euros de dommages et intérêts -contre 135 000 en première instance.
La société a également été condamnée à payer 14 000 euros pour avoir reproduit la sculpture sur le site internet de l'artiste (11 000 euros en 2018).
Dans ce litige, le conseil de Jeff Koons avait contesté toute contrefaçon, reconnaissant une inspiration mais soutenant notamment avoir créé une «œuvre d'art à part entière, qui porte l'empreinte de la personnalité de son auteur et porteuse d'un message artistique qui lui est propre».
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Dans son arrêt, la cour d'appel a confirmé que Franck Davidovici était bien l'auteur de l'œuvre «originale», estimant que, s'il existe des «différences», les «ressemblances sont ici prédominantes».
La cour a aussi rejeté l'exception de parodie et le moyen tiré de la liberté d'expression artistique invoqués par le plasticien.
«Les juges condamnent la démarche de Koons» en «notant qu'il n'a pas présenté cette œuvre comme une œuvre critique, une caricature ou inspirée d'un œuvre préexistante», a estimé l'avocat de Franck Davidovici, Jean Aittouares.
Il s'est aussi félicité que malgré «l'ingénierie judiciaire considérable déployée» par l'artiste, la justice française soit «passée» et ce, en «protégeant» cette œuvre publicitaire «comme elle aurait protégé une autre œuvre».
Contacté, l'avocat de Jeff Koons n'a pas souhaité réagir mardi. Il a la possibilité de se pourvoir en cassation. Cette condamnation s'ajoute à d'autres pour la star controversée de l'art contemporain, l'un des artistes les plus cotés au monde, qui a souvent défendu une démarche «d'appropriation» dans son travail.
En décembre 2019, la même juridiction avait confirmé la condamnation de la société Jeff Koons LLC pour avoir contrefait un cliché du photographe français Jean-François Bauret, cette fois pour la sculpture «Naked». Il a aussi été condamné aux États-Unis pour «plagiat».