Entrepreneuriat
À moins de 40 ans, Florian Douetteau a créé l’une des dix licornes françaises, Dataiku, et mis Google à ses pieds. Rencontre avec un homme qui se veut avant tout libre et indépendant. Et parfois un peu poète.

Aux confidences, Florian Douetteau préfère les faits. « Je n’ai vraiment rien à raconter sur moi », avance-t-il. Difficile à croire venant de celui qui a infiltré le palmarès des 500 premières fortunes françaises de Challenges en 2018. Il restera pourtant laconique sur les débuts de sa vie : une envie de faire parler les robots à 6 ans, une scolarité sans encombre, puis Normale sup. Point.

Passionné par le traitement de la langue, il débute chez le jeune moteur de recherche Exalead, racheté dix ans plus tard par Dassault Systèmes. Enrichissant pour la suite, sans aucun doute : « Voir une start-up grandir, c’est comprendre que les problèmes humains sont plus importants que les problèmes techniques. » En 2013, avec 25 000 euros de capital et trois associés, Florian Douetteau crée Dataiku, entreprise au nom curieux, associant la data aux haïkus, ces brefs poèmes japonais. « Une manière d’allier des choses contradictoires mais réalistes : la froideur de la donnée et la légèreté de la poésie, ou la capacité de transformer en choses simples ce qui paraît dantesque. »

Plus de 400 clients

Une symbolique parfaite pour définir une entreprise qui cherche à démocratiser les usages de la data science et de l’intelligence artificielle dans les organisations. Son mode opératoire pour y parvenir, au travers de la plateforme Dataiku DSS : « Redonner la main aux métiers et créer un environnement collaboratif où ils peuvent travailler avec les profils techniques. »

Interrogé sur les enjeux de la transition technologique, le quadragénaire répond sans fard : « Nous devons prendre maintenant des positions sur le rôle de l’homme et celui de la machine dans le cycle de production. Car une transition mal maîtrisée par les entreprises créera un risque de défiance généralisée envers l’IA. » Un raisonnement qui convainc aujourd’hui plus de 400 clients, de Sephora à Kuka, de Veepee à l’Otan.

De quoi donner des ailes à cet homme qui veut aller vite, les nombreuses levées de fond aidant. En décembre 2019, Google rejoint d’ailleurs le tour de table, transformant l’éditeur en licorne, avec une valorisation estimée à 1,4 milliard d’euros. Et en « entreprise du monde » comme le rappelle son fondateur, avec un siège social à New York, une base opérante à Paris et des bureaux à Londres, Francfort, Dubaï, Amsterdam, Sydney et Singapour. Qu’on ne lui reproche pas d’avoir quitté l’Hexagone : « La souveraineté économique passe par les opportunités que l’on offre sur un territoire, pour que ceux qui cherchent un emploi ou veulent entreprendre n’aient pas envie de le quitter. » Ce qui explique probablement son récent rôle de business angel pour de jeunes pousses françaises telles que Maria Schools ou Mindee. Et l’avenir ? « J’ai envie d’être sûr que le ciel sera toujours bleu dans trente ans, or je juge le niveau d’incertitude beaucoup trop élevé pour mes enfants. »

Parcours

2000-2011. Florian Douettau mène une thèse sur le développement du langage de programmation Exascript et poursuit sa carrière au sein du moteur de recherche Exalead, où il occupe plusieurs postes de direction.

Janvier 2013. Il fonde Dataiku avec Clément Stenac, Marc Batty et Thomas Cabrol.

Décembre 2019. Dataiku devient une licorne après l’entrée au capital de l’entreprise du fonds d’investissement de Google.

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