Le billet

Samuel Paty n’était pas n'importe quel professeur. Il enseignait l’histoire-géographie. Qu’est-ce que l’histoire en tant que matière, sinon que cultiver la complexité des choses et ne pas céder au désir de « roman » ? Qu’est ce que la géographie sinon refuser de ne lire le monde qu’à la lumière d’une seule carte ? Mais au contraire, prendre le temps de juxtaposer tous les angles, les paramètres, les faire coexister, les passer au tamis de la pensée, les uns après les autres, pour ne pas sombrer dans la monomanie fallacieuse de la simplicité ? Là était son métier, sa passion, sans doute, à Samuel : arroser sereinement le goût du recul sur les choses, entretenir la curiosité de ses élèves, les éveiller à la multiplicité, à la compréhension, qui font que chaque événement du monde fait corps avec ses lourds bagages du passé, que les grandes batailles sont le fruit de multiples tensions imperceptibles, que les grandes guerres prennent leurs racines des années en arrière, entrevoir les détails, les anecdotes cachées, pour en tirer toute la substance, éreinter les couleurs à dessiner le monde et ne pas céder à la tentation dualiste du noir et blanc. Faire front à la tentation réconfortante d’un monde exact où l’émotion première est la seule réalité possible. Pour Samuel, tenter de marcher sur cette voie ne serait-il pas un bel hommage ?  

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