Communication de crise
Le groupe de traitement de l'eau et des déchets, qui veut acheter la part de 29,9% d'Engie dans Suez, a revu son offre à la hausse. Il s'accorde six mois pour parvenir à un compromis entre les deux entreprises en vue d'une offre publique amicale. Le 9 octobre, le Tribunal de Paris, saisi par les syndicats de Suez pour suspendre l'offre d'achat, rendra sa décision.

Engie a reçu mercredi une offre améliorée de Veolia pour l'achat de ses 29,9% dans Suez. Alors que le délai sa première offre expirait ce mercredi 30 septembre à minuit, Veolia propose désormais 18 euros par action, au lieu de 15,5 euros, ce qui valorise la participation d'Engie à 3,4 milliards d'euros. Une révision du prix qui permet au titre Suez de bondir de 6% à l'ouverture de la Bourse de Paris mercredi matin.

Le groupe énergétique, qui souhaite se recentrer sur ses métiers, s'était vu offrir précedemment 2,9 milliards d'euros par le géant de l’eau et des déchets. Veolia compte ensuite lancer une OPA pour constituer un champion mondial du secteur. Mais le groupe propose désormais à Suez d'ouvrir une période de discussions qui durera six mois. Le but est de « rechercher les bases communes d'un accord », selon un communiqué. Veolia s'engage pendant cette période à ne déposer « une offre publique portant sur 70,1 % du capital de Suez qu'à la condition qu'elle soit amicale ».

Les tractations continuaient encore mardi soir. Sous l'égide de Bercy, les dirigeants se sont rencontrés mais la discussion a été infructueuse, a révélé Suez dans un communiqué. Le PDG de Veolia Environnement, Antoine Frérot a promis d'améliorer financièrement son offre avant la date limite de mercredi. « Nous n'avons pas, à l'heure où je vous parle, reçu une nouvelle offre », a indiqué le président d'Engie Jean-Pierre Clamadieu, aux députés qui l'auditionnaient mardi matin. Mais « nous sommes aujourd'hui convaincus que le projet industriel est solide, nous sommes convaincus que Veolia est prêt à apporter des garanties en termes d'emploi qui nous satisfont (...) », a-t-il ajouté. 

Lire : Jean Castex soutient la fusion Veolia/Suez

Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, des finances et de la Relance, a appelé le 29 septembre sur France Inter la direction de Véolia à se donner deux ou trois semaines supplémentaires pour renouer le fil du dialogue. Le 17 septembre, il avait déjà déclaré aux Echos que  « l’Etat actionnaire d’Engie [23,6 % du groupe d’énergie] a défini des conditions claires qui doivent être respectées : la préservation de l’emploi ; un projet de reprise de Suez à capitaux majoritairement français ; la valorisation patrimoniale pour l’Etat. »

Demande de Grenelle de l'environnement

Par ailleurs, le tribunal de Paris, saisi en référé par les comités sociaux et économiques (CSE) de Suez et Suez Eau France pour obtenir la suspension du projet de rachat par Veolia, rendra sa décision le 9 octobre, a indiqué mardi à l'AFP la CGT de Suez. Selon Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité d'entreprise européen de Suez, « le tribunal de Paris a mis en délibéré au 9 octobre notre action en référé », à la suite de l'audience tenue mardi à 15h00.

Les instances représentatives des salariés de Suez avaient assigné en référé Engie, qui veut vendre sa participation de 29,9% dans Suez, et Veolia pour n'avoir « pas été informées et consultées régulièrement sur ce projet ».

Les syndicats de Suez reprochent aux deux géants de l'eau et des déchets d'avoir fomenté l'opération bien avant l'annonce officielle de l'offre de Veolia fin août.

Suez, spécialiste du traitement de l'eau et des déchets, fait l'objet d'une offre de rachat par son concurrent Veolia, qui a proposé fin août de racheter les 29,9% de son capital détenus par son principal actionnaire, Engie.

Les syndicats de Suez sont « extrêmement inquiets des conséquences sociales de cette opération » et redoutent « plus de 10.000 suppressions d'emplois, dont 4.000 à 5.000 en France », comme l’avait déjà indiqué le directeur général adjoint du groupe Jean-Marc Boursier. Les syndicats demandent un temps de réflexion, «une sorte de Grenelle de l'environnement et des services à l'énergie », selon Franck Reinhold von Essen.

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