Les organisateurs du Salon de l'automobile de Genève, rendez-vous majeur du secteur qui réunit plus de 600 000 personnes tous les ans pendant une dizaine de jours en mars, avaient indiqué la semaine dernière qu'ils n'annuleraient pas l'événement, sauf si les autorités l'exigeaient. C'est désormais chose faite. Le gouvernement, réuni en séance extraordinaire vendredi 28 février, a interdit jusqu'au 15 mars au moins la tenue de tout événement public ou privé réunissant plus de 1 000 personnes, alors qu'une quinzaine de cas de coronavirus ont été détectés pour l'instant en Suisse qui va tourner au ralenti.
«Ces mesures se sont avérées efficaces dans d'autres pays» et sont conformes aux recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré le ministre suisse de la Santé Alain Berset, lors d'une conférence de presse. Cette interdiction inédite ne s'applique pas aux transports publics et aux bureaux d'entreprises, a-t-il dit, faisant valoir qu'il y est «possible de respecter plus facilement les mesures d'hygiène qui sont recommandées».
Lire aussi : Les résultats d'Apple affectés par le coronavirus
À quelques jours de l'ouverture du Salon de l'automobile de Genève, où étaient attendus 150 exposants du 5 au 15 mars, le montage des stands était presque achevé. «Nous regrettons cette situation mais la santé de tous est notre priorité absolue», a déclaré Maurice Turrettini, président de la manifestation. Les visiteurs verront leurs billets remboursés, mais pas les exposants.
«Il s'agit d'un cas de force majeure et d'un coup très dur pour les exposants qui ont massivement investi dans leur présence à Genève», a-t-il relevé. Les amateurs de voitures ne seront pas les seuls déçus puisque la Swiss Football League vient décider de reporter les rencontres du weekend sine die. Les matchs de hockey se joueront eux à huis-clos. À Genève, la première messe catholique en cinq siècles qui devait se tenir samedi à la cathédrale Saint-Pierre a également été reportée, tout comme le salon horloger (prévu du 25 au 29 avril).
Selon les autorités locales, une vingtaine d'autres manifestations sont en cours de réévaluation à Genève, qui héberge le siège européen des Nations unies, ainsi qu'une multitude d'organisations internationales dont l'OMS. À Zurich, plus grande ville du pays, ce sont les concerts du hard-rockeur américain Alice Cooper et du guitariste légendaire Carlos Santana qui ne pourront pas avoir lieu. Les carnavals, dont celui de Bâle, ont également été annulés, tout comme le salon horloger de Bâle.
Lire aussi : Coronavirus, le Mobile World Congress annulé
Quant aux manifestations de moins 1 000 personnes, les organisateurs devront, en collaboration avec les autorités, évaluer les risques pour déterminer s'ils peuvent ou non les tenir. Le ministre suisse de la Santé a reconnu que cette limite de 1 000 personnes pouvait paraître «arbitraire» mais a souligné que c'était un «premier pas approprié et efficace».
«Nous avons vu ces derniers jours que les cas se sont largement répandus dans le monde (...), en particulier dans les pays voisins de la Suisse, je pense en particulier à l'Italie et à l'Allemagne», a déclaré Alain Berset aux journalistes. «Même si les autorités de ces pays font tout pour contrôler la situation, celle-ci commence à leur échapper», a-t-il estimé, expliquant que malgré des mesures fortes, «la situation en Italie ne permet plus de reconstruire la chaîne des infections».
En Suisse, une quinzaine de cas ont été détectés, dont le premier mardi dans le canton italophone du Tessin, frontalier de l'Italie. Il s'agit d'un septuagénaire ayant voyagé récemment à Milan (nord de l'Italie), où il aurait contracté la maladie. D'autres cas ont depuis été enregistrés dans plusieurs cantons, dont à Genève (ouest), Zurich (nord), Bâle (nord) et dans le canton des Grisons (est). Le gouvernement s'attend à une augmentation des cas dans les prochains jours.