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77 % des consommateurs européens seraient prêts à payer plus pour un produit dont l’emballage a un impact moindre sur l’environnement, selon une étude Pro Carton. Le point sur des initiatives récentes qui tentent des solutions contre le gaspillage.

Panza Paille, l’alternative au plastique jetable

Le plastique à usage unique sera interdit dans l’Union européenne en 2021, et les professionnels de la restauration doivent déjà se préparer pour remplacer pailles et touillettes. Des alternatives comme l’inox et le bambou sont qualitatives mais chères, et peuvent être volées, le carton a une durée de vie trop courte. Un collaborateur de Panzani, en vacances au Brésil l’été dernier, y a trouvé une idée simple et brillante : des pailles en pâte. Le département R&D du fabricant s’est mis à l’ouvrage pour trouver le moule, la longueur et le diamètre adéquats. Le résultat tient une heure dans un verre à cocktail, quand l’utilisation moyenne est de 20 minutes. La Panza Paille est désormais prête à être lancée en CHR (cafés, hôtels, restaurants) et une plateforme a été mise en ligne pour recueillir les propositions d’amélioration (Panzapaille.fr, avec l’agence L’Ensemble et Feria pour le packaging). À 4 centimes l’unité, elle est à peine plus chère que la paille plastique. Et à défaut de pouvoir être consommé, ce produit à base de blé et d’eau est compostable.

 

Love Beauty and Planet, du glamour dans le plastique recyclé

Cette nouvelle marque d’hygiène du groupe Unilever est composée à 98 % d’ingrédients naturels et biodégradables, avec des parfums et des agents moussants de synthèse pour le plaisir d’utilisation. Arrivée en France ce printemps, elle est le projet d’une équipe du groupe aux États-Unis qui voulait s’engager dans la « green beauty ». L’impact de l’emballage a été pris en compte, avec des grands formats de 400 ml et du plastique entièrement recyclé et recyclable. La teinte légèrement grisée est acceptable pour des consommatrices engagées. En revanche, des améliorations ont été apportées depuis le lancement aux États-Unis : le bouchon noir, qui ne se recyclait pas, a été remplacé par un bouchon gris pour l’Europe. Unilever est déjà engagé dans la réduction des emballages avec les déodorants « Compressé », qui utilisent 25 % d’aluminium en moins par rapport à un déo classique.

 

Loop, la consigne 3.0

 

Initiée par TerraCycle, entreprise engagée dans le zéro déchet, Loop est la parade des grandes marques à la désaffection annoncée pour les emballages. Procter & Gamble, Coca-Cola, Carrefour, Mondelez, Unilever notamment ont rejoint ce projet qui réinvente la consigne et le vrac. En tout, une centaine de produits de consommation courante sont concernés dans deux pays pilotes, la France et les États-Unis, à partir du mois de mai. Sur le site Maboutiqueloop.fr (Loopstore.com aux États-Unis), les clients pourront commander leur jus Tropicana, leur déodorant Axe, leur glace Häagen Dazs ou leur huile Lesieur dans des packagings réutilisables qui leur seront livrés et récupérés pour être remplis à nouveau. Ce projet représente une prise de risque calculée pour les industriels concernés mais aussi une façon de faire de l’économie circulaire à grande échelle, au-delà des PME militantes. « Notre participation à la plateforme Loop s’inscrit dans une démarche globale de progrès, à tous les niveaux de la chaîne de valeur, répondant à la fois aux attentes de consommateurs responsables et à nos engagements d’entreprise », témoigne Hugues Leydier Delavallade, chef de produit chez Lesieur.

 

 

Nespresso fait sa part de tri

 

Le géant du café a fait un carton avec ses dosettes en alu, mais la production d’aluminium est l’une des plus polluantes au monde (environ 9 tonnes de CO2 émises pour 1 tonne de production) et les capsules constituent des déchets à retraiter. En revanche, le métal se recycle, ce qui a incité l’entreprise à mettre en place sa propre filière de recyclage. Elle a installé des espaces de tri dans ses boutiques et en points relais (plus de 5 500 en France), permet à ses livreurs de récupérer les capsules usagées et organise une collecte gratuite en entreprise. Le café et l’aluminium sont valorisés aux Pays-Bas, le premier pour générer du méthane et du compost, le second pour fabriquer des vélos, des canettes et d’autres capsules. L’agence de branding FutureBrand accompagne le groupe dans la communication de ces actions. D’aucuns diront que la consommation de café en dosettes reste génératrice de déchets mais pour les aficionados du ristretto, c’est une avancée. Cet exemple montre aussi l’intérêt de créer sa propre filière, à l’instar de Marionnaud, qui a collecté 175 tonnes d’emballages cosmétiques en deux ans en partenariat avec Veolia.

 

 

Guerlain, le luxe soutenable

 

La marque du groupe LVMH a inscrit le développement durable dans sa stratégie d’entreprise depuis 2007, avec notamment un objectif d’éco-conception pour tous ses produits d’ici 2020. Cet engagement est pleinement exprimé dans sa marque sœur Cha Ling, créée pour préserver la culture du thé Pu’er dans le Yunnan en Chine. BETC Design s’est occupé du développement packaging avec plusieurs contraintes : choisir des matériaux durables et recyclables, ajuster la forme à la contenance, supprimer le sur-emballage, favoriser les formats rechargeables. Alliée à des ingrédients tracés, une certification Ecocert pour le thé Pu’Er, des formules courtes, une fabrication en France et un programme de soutien à la forêt tropicale, ce projet est emblématique d’une « slow beauty » qui concilie les valeurs du luxe et de la « sustainability »



L’Oréal réduit les emballages à la source

 

Avec les lancements de La Provençale et Garnier Bio, le numéro 1 mondial des cosmétiques fait des efforts en faveur de la beauté verte. C’est l’effet Yuka, l’appli qui met un carton rouge aux composés indésirables (perturbateurs endocriniens...). Mais l’entreprise reste un gros producteur de packagings, donc de déchets. Elle a pourtant lancé un plan d’éco-conception des emballages dont les effets ne se font voir que progressivement. Cette politique s’appuie sur le principe des « 3 R » : respecter l’environnement, réduire l’emballage en volume et en poids, remplacer les matériaux couramment utilisés par des alternatives recyclées ou recyclables. Preuves à l’appui : en 2017, 97 % du papier utilisé pour les notices et 100 % du carton des étuis provenaient de forêts gérées de façon responsable ; 7 294 tonnes de matériaux recyclés ont été utilisés en 2017. Et le groupe veut aller plus loin : d’ici à 2025, 50 % du plastique utilisé dans ses emballages sera d’origine recyclée ou bio-sourcée et 100 % des emballages plastiques seront rechargeables, réutilisables, recyclables ou compostables. La France s’est fixée l’objectif de 100 % de plastiques recyclés à la même échéance.



Kellogg’s, objectif transparence

 

Quand on est un géant de l’agroalimentaire responsable de la qualité nutritionnelle de ses produits, on se doit de rassurer les consommateurs. Kellogg’s, qui gère les marques Trésor, Corn Flakes, Coco Pops ou Frosties, a revu tous ses packagings en Europe, une mission confiée à l’agence Landor. Outre des informations sur les ingrédients (pas de colorants, maïs de qualité, source de vitamine D…) en face arrière, le paquet affiche des couleurs franches et des illustrations en aplat, pour exprimer une volonté de simplicité et de transparence. Kellogg’s réaffirme son statut de marque de référence du petit-déjeuner, tout en s’alignant sur le discours des nouveaux acteurs du bio (Dear Muesli, I’m a foodie...). La démarche pourrait s’apparenter à du « greenwashing » si le groupe ne faisait pas des efforts en parallèle pour alléger ses recettes en gras et en sucre, et s’il ne menait pas des actions sur la conception de ses emballages, toujours très gourmands en matière. Kellogg’s s’est aussi engagé à ce que tous ses packagings soient réutilisables, recyclables ou compostables d’ici 2025.

 

 

Good Goût, une plateforme pour apprendre le goût aux enfants

 

Pour cette start-up de l’alimentation bio pour bébés et enfants, l’intervention de l’agence CBA est allée au-delà du packaging. En partenariat avec le cabinet Bluenove, elle a créé une plateforme de collectes d’idées sur la diversification alimentaire dès le plus jeune âge. Parents et experts sont invités à participer afin d’élaborer un manifeste du goût,pour l’éveil des petits. «  C’est du design itératif. On améliorera les propositions en fonction des résultats  », précise Anne Henry, directrice du planning stratégique de CBA. L’agence s’est repositionnée l’an dernier autour du concept de « l’empreinte utile », une démarche en faveur d’un design plus fonctionnel et durable. « Beaucoup de clients sont venus nous voir ces derniers mois avec des inquiétudes sur leur avenir. L’effet des enquêtes de Cash Investigation et de l’appli Yuka les amènent à se questionner sur leur raison d’être, qui était en discussion dans la loi Pacte. » Désormais, l’agence ne répond pas qu’avec des solutions de forme ou de graphisme mais avec des projets impliquant l’intelligence collective.

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