Imaginez une voiture qui fait toute seule son créneau, se met en pilotage automatique sur autoroute, décroche les appels en mode haut-parleur, appelle elle-même les secours en cas d'accident... Tous les constructeurs travaillent à des voitures de plus en plus autonomes, et y associent la connectivité mobile en intégrant une carte SIM, ce qui permet à la voiture d'avoir directement accès au réseau 3G. «Your next drive will drive itself» («Votre prochaine voiture se conduira elle-même»), titre d'ailleurs ce mois-ci le mensuel américain Wired, la bible des «geeks». Récemment, Google faisait rouler une voiture autonome, tout comme Audi, Volkswagen, ou encore Toyota avec sa Prius AVOS, raconte le magazine.
Pour la première fois, plusieurs constructeurs battaient pavillon la semaine dernière à Barcelone au Mobile World Congress, grand raout annuel du mobile. Ford a dévoilé son petit monospace B-Max, l'opérateur américain AT&T deux modèles de Nissan et BMW connectés, Volvo une C30 Electric connectée par Ericsson...
Le 27 février, le patron de Ford, Bill Ford, arrière-petit-fils d'Henry Ford, s'est ainsi déplacé en personne à Barcelone pour présenter la B-Max, lancée en septembre prochain en France. Grâce à la station d'accueil pour smartphone, aux deux écrans tactiles sur son tableau de bord et au logiciel conçu avec Microsoft, Sync (compatible avec les systèmes d'exploitation IOS d'Apple, Android, Blackberry OS, etc.), l'automobiliste pourra embarquer une multitude d'usages mobiles: envoyer des messages avec son téléphone, écouter de la musique de son lecteur MP3... Sync pourra aussi alerter les secours en indiquant la position exacte du véhicule.
«L'industrie des télécoms est essentielle pour créer un système de transport interconnecté, où les voitures sont intelligentes et peuvent parler entre elles mais aussi à l'infrastructure qui les entoure», a insisté Bill Ford, appelant à «regarder les véhicules sur la route comme les smartphones, les ordinateurs portables ou les tablettes, sauf que c'est beaucoup plus gros».
Pour sa part, Renault dévoilait son partenariat avec Alk Technologies, qui équipera sa nouvelle Twingo. En plaçant son Iphone dans le socle d'accueil de l'autoradio Oxygen, le conducteur pourra accéder à l'application mobile GPS Copilot Live, mais aussi contrôler l'ensemble des fonctionnalités de la voiture en un clic (la musique, le téléphone, le GPS, etc.) grâce à l'application spécifique E-Renault.
Quelques jours auparavant, Peugeot annonçait le lancement de son premier service d'applications embarquées, Peugeot Connect Apps, qui équipera la prochaine Peugeot 208, attendue pour fin mars. Grâce au tableau tactile présent sur le tableau de bord et à la clé 3G Peugeot Connect, le conducteur accèdera à des services embarqués via dix applications, accessibles en France et dans seize pays européens.
L'arrivée des marques dans l'univers automobile
Un virage technologique providentiel pour les marques. Cette nouvelle opportunité devrait leur permettre d'entrer dans l'univers automobile, jusque dans l'intimité du conducteur et de ses passagers pour leur proposer de nouveaux services.
C'est bien pour cela que Bill Ford est venu à Barcelone: convaincre développeurs et entreprises high-tech de travailler sur des applications mobiles, que ses voitures embarqueront. Peugeot a aussi bien compris le boulevard qui s'ouvrait à lui. Il a confié à son partenaire, Bouygues Telecom, la responsabilité de développer ces services embarqués, qui «pourraient déboucher sur une boutique d'applications, façon AppStore, gratuites ou payantes», précise Hubert Tourny, chef de projet sur Peugeot Connect Apps. Michelin, Pages jaunes et le service communautaire Dismoioù sont les premières marques à faire leur entrée dans l'univers automobile par des «apps» adaptées. Par la suite, «d'autres services vont arriver, proposés par des acteurs du secteur automobile, des assureurs, des points de vente...», explique Franck Moine, directeur de la business unit Machine to machine de Bouygues Telecom.
Même chose chez les concurrents: la Volvo C30 permettra d'accéder à un appstore, géré avec Ericsson, avec des applications de réparateurs, de sociétés d'entretien automobile, de parkings, etc. Renault aussi «travaille sur les services embarqués qu'il y ajoutera, comme autour de points d'intérêt, et des services de géolocalisation de bornes pour ses futures voitures électriques», précise Aurore Tenenbaum, directrice marketing de Alk Technologies.
Reste quelques détails à régler, comme de greffer de nouveaux services parfois imaginés il y a quelques années: «Ce sont deux mondes très différents, la conception d'une voiture prend plusieurs années, alors que dans le mobile, ça change tous les jours», note Aurore Tenenbaum. Il faudra également trouver un modèle économique, entre «apps» gratuites et payantes. Des services connectés qui seront proposés au grand public sur plusieurs modèles lancés cette année, le plus souvent en option, pour 200 à 400 euros. Or, «l'automobiliste sera-t-il prêt à payer ce nouveau service, au coût parfois équivalent à un abonnement 3G?», s'interroge un dirigeant d'agence marketing.