Quels seraient les trois points principaux de votre programme ?
Thierry Marx. Il s’agirait d’abord de définir un vrai projet: où la France se voit-elle en 2030? Quelles étapes doivent être franchies y arriver? Avoir des étapes fixées à cinq ans, c’est beaucoup trop tôt… il faut faire un «forecast» plus audacieux!
Ensuite, j’axerais ma campagne sur la formation professionnelle. L’outil numérique nous permet de former autrement, d’utiliser ce cerveau supplémentaire qui se trouve dans notre poche arrière et qui implique plus de rapidité, plus d’adaptabilité. Et puis, la jeune génération ne veut pas avoir un rapport sacrificiel au travail. Elle veut de l’émotion, elle veut un projet, pas simplement un emploi. L’entreprise doit donc mener un processus de séduction et être plus transparente dans la pratique des métiers. Cette séduction pourrait passer, par exemple, par un autre type de CFA qui permettrait de se renouveler dans une envie de job, qui pourrait vous accompagner toute votre vie pour butiner le monde du travail. Mais il y reste encore trop de clivages entre l’Education nationale et le monde de l’entreprise. Enfin, je redéfinirais le cadre républicain. «Liberté, Egalité, Fraternité» est-ce toujours le bon cadre? Beaucoup aujourd’hui se demandent ce que c’est qu’être Français. Or, on complexifie tellement le débat que plus personne n’y comprend rien. Pour moi, un président doit être capable de nous recentrer sur ce cadre-là, de mettre toutes les forces vives de son pays dans le «vivre ensemble».
Quel serait votre projet pour booster la transformation digitale des entreprises Françaises ?
T.M. Là aussi, il s’agirait de se projeter à 2020/2030 et d’intégrer dès maintenant des gens qui seront capables de suivre cette transformation et ce mouvement. Car la digitalisation de l’entreprise et de la société ne doit pas faire oublier que l’humain doit rester au centre pour donner du sens à l’outil digital.
Pourquoi faut-il voter pour vous? Et quelle personnalité publique – pas forcément politique – choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre?
T.M. On me reconnaît deux qualités: l’engagement et la loyauté. Je crois également au cerveau collectif, car les chantiers qui doivent être mis en place à l’échelle d’un pays ne peuvent pas être la voie d’un seul homme. L’homme charismatique qui résout tout par miracle, cela n’existe pas! Et puis, je ne serais pas le président de la petite phrase et du mot-valise. La politique doit sortir de l’image marketing. Il vaut mieux être discret et efficace pour vraiment poser la fonction, car ce n’est pas parce qu’on est élu que l’on est choisi! Comme Premier Ministre, je choisirais Mercedes Erra, présidente d’Havas Worldwide et fondatrice de BETC, car elle a une vision de chef d’entreprise, une vision planétaire de la société et c’est une grande communicante.
A propos de Thierry Marx
Empereur de la gastronomie moléculaire, Thierry Marx, 57 ans, a fait ses armes chez Ledoyen ou Taillevent avant d’être promu chef cuisinier au Regency Hôtel de Sydney. En 1988, il obtient sa première étoile au Roc en Val de Tours. Féru de voyages et d’horizons, sa cuisine s’inspire des saveurs orientales. Thierry Marx est également le fondateur du Foodlab et très engagé dans la formation des jeunes et la réinsertion. Depuis avril 2010, il est le chef du Sur-Mesure by Thierry Marx, au Mandarin Oriental Paris, décoré de 2 étoiles au guide Michelin et 4 toques au Gault & Millau. Il est fait, en avril 2012, chevalier des Arts et des Lettres et chevalier de la Légion d’honneur en 2013.