Dans une tribune, des développeurs et développeuses de jeux vidéo tirent la sonnette d’alarme : l’engouement pour les mondes virtuels a un impact écologique qui n’est pas assez mis au cœur des débats.
« Chaque seconde, au moins 30 images doivent s’enchaîner afin que l’expérience reste la plus fluide possible pour le public. On atteint même les 90 images par seconde dans le cas de la "réalité virtuelle" ». Cet enchaînement rapide d’images, gourmandes en données et en puissance de calcul, entraîne une très forte consommation d’énergie, bien plus que la vidéo « classique ». Dans une tribune publiée sur le site bonpote.com, des studios de développement de jeux vidéo se sont associés pour alerter sur l’impact écologique du métavers, ces mondes immersifs en réalité virtuelle, que certains présentent comme le futur d’internet.
L’engouement autour de ses potentiels ne doit pas faire oublier que, comme toute technologie de pointe, le métavers est excessivement énergivore, et son impact sur l’environnement n’est pas à prendre à la légère. Les signataires de la tribune rappellent certains chiffres issus de deux rapports du Shift Project et du collectif Green IT qui estiment que le numérique représentait en 2019 environ 4 % des émissions mondiales de Gaz à Effet de Serre avec une croissance vertigineuse de presque 6 % par an. « À ce niveau d’impact, on se doute "qu’effacer nos courriels et couper le Wifi" est purement symbolique : insuffisant face aux enjeux, en l’occurrence une baisse de 5 % par an des émissions d’ici 2050. S’ajoute aux émissions (qui constituent 11 % de l’empreinte du numérique en France) l’impact sur les ressources abiotiques (52 % de l’empreinte du numérique en France) ».
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Des chiffres qui donnent le tournis et qui prouvent que derrière la « dématérialisation », paradoxalement, il y a pollution. Et d’ailleurs, qui dit réalité « virtuelle », dit aussi massification d’une nouvelle catégorie de produits physiques : casques de réalité virtuelle, périphériques de simulation divers, ordinateurs et smartphone hyper-puissants, etc.
« Politiques, décideurs, il est plus que temps de vous intéresser au sujet. Fabricants de matériel, un changement de paradigme est nécessaire : abandonner la course à la puissance comme seul argument de vente. Joueurs et joueuses, encourageons ces nouvelles initiatives. Développeurs, développeuses, il est temps de sortir la tête du sable et d’endosser la responsabilité que nous confère le grand pouvoir de ce média. Sobrement, développons la transition », appellent les signataires.