Truth Social se voulait être une alternative à Twitter mais l’engouement ne semble pas prendre. En plus du nombre de téléchargements décroissant, la santé financière de Truth Social alerte.
Les signaux inquiétants sur la santé financière et les perspectives du réseau social de l’ancien président américain Donald Trump, Truth Social, se multiplient, six mois seulement après le lancement de la plateforme, dont le trafic est modeste. La chaîne Fox Business Network a rapporté que la société avait interrompu ses versements à son hébergeur, RightForge, et accumulé une ardoise qui se monte désormais à 1,6 million de dollars.
Sollicitée par l’AFP, la maison mère de Truth Social, Trump Media and Technology Group (TMTG), n’a pas donné suite. « RightForge a participé à l’édification des fondations de Truth Social et continuera à soutenir le président Trump dans ses entreprises », a commenté la société à l’AFP. Sollicité par l’AFP, un porte-parole de RightForge s’est refusé à commenter les allégations selon lesquelles Truth Social n’aurait pas honoré ses factures. Par ailleurs, la fusion de TMTG avec le véhicule coté Digital World Acquisition Corp (DWAC), qui doit lui permettre de recevoir de l’argent frais, tarde à se concrétiser, 10 mois après son annonce. Jeudi 25 août, DWAC a publié l’avis de convocation à son assemblée générale extraordinaire, le 6 septembre, durant laquelle les actionnaires seront appelés à valider le report d’un an du délai prévu pour aboutir à cette union, au 8 septembre 2023. Ils préviennent que, faute de vote favorable, la société « serait forcée de se dissoudre ».
En cas de succès, la fusion doit injecter environ 1,25 milliard de dollars dans TMTG, même si certains investisseurs peuvent encore se désengager et réduire l’enveloppe. Selon des états financiers publiés mardi, DWAC ne disposait plus, fin juin, que de 3.000 dollars de liquidités disponibles, la somme levée en Bourse étant bloquée dans l’attente de la fusion.
Enquêtes
DWAC fait l’objet d’une enquête des autorités fédérales américaines, qui ont soumis leurs éléments à un grand jury en vue d’un possible procès pénal. La société est aussi visée par une enquête du gendarme boursier américain, la SEC. Autre écueil pour le groupe de médias de l’ancien chef de l’Etat, toujours favori des bookmakers pour le scrutin 2024, le Bureau américain des marques et brevets (USPTO) a refusé à TMTG l’enregistrement du nom Truth Social. Dans un avis rendu début août mais relevé jeudi par l’avocat Josh Gerben, spécialiste de la propriété intellectuelle, l’USPTO justifie sa décision par le fait qu’il existe déjà deux sociétés avec des noms proches (The Truth Network et Vero - True Social).
Lancé fin février, Truth Social se veut une alternative aux grands réseaux sociaux, Twitter en particulier, dont Donald Trump est suspendu depuis début janvier 2021, avec la liberté d’expression pour leitmotiv. Mais six mois après ses débuts, la plateforme n’apparaît qu’en trentième position des applications de réseaux sociaux dans le classement des téléchargements sur iPhone, publié par Apple. Selon la base de données Statista, l’application n’est téléchargée qu’une cinquantaine de milliers de fois par semaine seulement.
Elle n’est pas encore disponible sur le système d’exploitation Android, qui équipe près de 3 milliards de téléphones. Le compte de l’ancien président américain compte bien 3,91 millions d’abonnés sur Truth Social, mais le chiffre reste loin de ses 79,5 millions d’abonnés sur Twitter au moment de sa suspension. DWAC a perdu 2,42 % à Wall Street jeudi. La valeur du titre a fondu de 71 % depuis son sommet de l’année, début mars.