Événementiel

À mi-chemin entre le jeu de rôle, l’escape game et le théâtre immersif, le projet Polaris, attendu pour fin 2022, plonge les participants dans un monde post-réchauffement climatique situé au cœur de l’Aquarium de Paris. Un spectacle engageant qui devrait aussi se décliner en BD, série et jeu vidéo.

Nous sommes en 2125. Ou peut-être en 2232, la date n’est pas clairement définie. Le réchauffement climatique et la montée des océans ont rendu la vie sur Terre impossible, poussant les humains à se réfugier sous les mers. Ils vivent désormais dans des bases sous-marines, entourés de poissons et de mammifères marins. Parmi les survivants, deux courants de pensée s’affrontent : les « uppers », dont l’objectif est de retourner vivre à la surface pour réparer leurs erreurs du passé, et les « downers », qui entendent bien s’adapter à cette vie sous-marine, quitte à devenir des humains hybrides pouvant respirer sous l’eau.

Bienvenue dans le monde de Polaris, le projet de spectacle immersif créé par Nicolas Bary, que l’on connaît au cinéma pour avoir réalisé les films Les Enfants de Timpelbach en 2008, Au bonheur des ogres en 2013 et Le Petit Spirou trois ans plus tard. « J’ai fait Les Enfants de Timpelbach à partir d’un roman que j’ai lu quand j’avais 9 ans. Polaris est un jeu de rôle auquel je jouais quand j’avais 16 ans et j’ai eu envie de l’adapter en acquérant les droits à 360 degrés », raconte le patron de TimpelPictures, qui s’est associé pour l’occasion au studio de design interactif Small Creative et à l’agence Get the moon sur la partie partenariat.

Prévu pour se jouer à partir de la fin 2022, d’abord à l’Aquarium de Paris puis dans d’autres aquariums en France et à l’étranger, ce spectacle immersif d’un nouveau genre commence par l’entrée des 80 participants dans l’une des bases sous-marines du monde de Polaris. Ils doivent alors revêtir une combinaison et s’équiper d’une tablette au poignet, d’un casque audio voire de lunettes en réalité augmentée leur permettant d’interagir avec l’histoire et de choisir à plusieurs occasions le chemin que chacun souhaite prendre.

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S’ensuit une phase de déambulation « pour digérer l’histoire des prochaines décennies », explique Nicolas Bary. Hausse des températures, migration, tsunamis… : des vidéos et des témoignages fictionnels leur dépeignent le monde dans lequel ils viennent de tomber. Puis l’expérience commence vraiment : huit acteurs les accueillent dans cette base sous-marine qu’est devenu l’aquarium. À chacun de décider de suivre les uns ou les autres, selon s’ils se sentent plutôt « uppers » ou « downers ». « On inverse les rôles, c’est nous, humains, qui sommes sous cloche, plus les poissons », s’amuse Nicolas Bary.

Le grand bassin de l’aquarium est mis à contribution, avec par exemple l’arrivée d’un habitant d’une autre base venu demander de l’aide. Ce sont des apnéistes qui assurent la doublure des comédiens durent ces phases de plongée, la technologie du face replacement permettant ensuite d’apposer le bon visage sur l’image projetée aux participants.

« On est à la croisée du jeu de rôle, de l’escape game et du théâtre immersif boosté en technologie », résume Nicolas Bary. Il est prévu que l’expérience mêle réalité augmentée, sons géolocalisés, écrans circulaires ou translucides, projection sur vitres… En fonction des entreprises partenaires qui s’associeront au projet, l’histoire et les technologies utilisées pourront être adaptées. C’est d’ailleurs dans cette phase de recherche de partenariats que le projet se trouve aujourd’hui. Objectif : réunir 400 000 euros en partenariat, pour un budget total compris entre 1 et 1,5 million d’euros.

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Au terme de l’heure que dure le spectacle, les participants doivent choisir s’ils veulent rejoindre la serre qui les ramènera à la surface ou s’ils préfèrent continuer leur vie sous-marine. « On leur propose deux visions du bien, ce n’est pas manichéen. Il n’y a pas un gentil et un méchant. Dans Polaris, c’est comme si vous étiez dans un livre dont vous êtes le héros. En fonction des choix faits, chaque participant vit une histoire différente », souligne Nicolas Bary.

L’expérience se termine par un documentaire pédagogique d’une quinzaine de minutes sur les gestes qui peuvent être faits au quotidien pour éviter d’arriver à une situation aussi catastrophique, « sans être culpabilisant », insiste le créateur du projet Polaris. Et pour donner une caution environnementale à celui-ci, des partenariats avec des organismes comme l’association Planète Mer, le Cluster Maritime Français ou encore le Musée de la marine sont en train d’être conclus. « La dimension écologique et écoresponsable n’était pas présente dans le Polaris des années 90. En créant les "uppers" et les "downers", nous avons voulu faire écho aux problématiques du moment », raconte encore le patron de TimpelPictures.

Outre le spectacle immersif, un projet de bande dessinée en trois tomes est d’ores et déjà signé avec les éditions Dupuis. Le premier tome pourrait sortir en 2023. Des discussions sont aussi en cours avec plusieurs plateformes SVOD pour adapter Polaris en série live action. À la manœuvre, Nicolas Bary encore et deux scénaristes, Fabien Adda, qui a travaillé sur la série Les Revenants, et Sophie Dab. Enfin, plusieurs studios de jeux vidéo sont en train d’être prospectés. « Chaque média racontera une histoire différente qui se passe dans le monde de Polaris, mais pas dans la même station sous-marine », projette Nicolas Bary. L’aventure Polaris n’en est qu’à ses débuts.

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