Karen Serfaty, la présidente fondatrice du salon Tech For Retail, revient sur le succès de la quatrième édition qui s’est déroulée fin novembre. Sa progression repose, selon elle, sur sa vision d’un retail desiloté, digitalisé dans tous les recoins de l’entreprise.

On a l’impression que Tech for retail a pris de l’ampleur cette année, en matière de dynamisme, de visiteurs… Vous confirmez qu’il a passé un cap ?

Le salon grandit d’année en année depuis ses débuts ! Nous appliquons toujours la même formule, et c’est toujours la même idée que l’on développe. En revanche, peut-être que dans l’opinion de la presse, les retombées sont différentes. Nous n’avons jamais bénéficié d’une grande cote auprès des journalistes. Nous n’avons pas un grand groupe derrière, et peu écrivent sur nous. Mais nous avons toujours eu de fortes personnalités du secteur qui nous ont soutenus. Cette année encore, avec Arthur Sadoun qui a fait le discours d’ouverture. L’année dernière nous avions Nicolas Hiéronimus de l’Oréal. Notre board est composé de plusieurs personnalités importantes du retail, et le programme est toujours très soigné. Nous avons oui, fait un grand saut l’année dernière, et peut-être qu’il se constate davantage cette année. Nous sommes passés de 11 000 à 12 500 visiteurs. Mais nous venons de clôturer notre 3e édition. Nous sommes un très jeune salon. Ce que je constate, et qui selon moi, matérialise le succès de notre salon, c’est que de nombreux exposants ont appelé nos commerciaux dans les quelques jours qui ont suivi pour réserver exactement le même emplacement pour 2025. Avant même que l’on ouvre les ventes. Cela signifie qu’ils ont, d’une part, apprécié, mais aussi qu’ils ont eu beaucoup de contacts et ont pu transformer.

Pourrez-vous prétendre à plus grand les prochaines années ?

Malheureusement, nous continuerons d’être contraints en 2025 avec le seul Hall 4. Viparis ne peut pas nous donner plus à cette période. Nous avons déjà grandi de 50 % et ne pourrons pas avoir plus pour le moment.

En parlant de la période, faire un salon du retail la veille du Black Friday… Vous n’aviez pas peur ?

Non, cela ne nous a pas vraiment pénalisés. Les visiteurs du salon ne sont pas les opérationnels. Ils préparent le Black Friday en amont… Ce sont vraiment des décideurs stratégiques, extrêmement qualifiés, qui viennent chercher des réponses claires à leurs questionnements. Nous avons eu tout le board de Conforama, qui a fait une visite pendant deux heures. Le salon a une vision très large et 360 du retail. La vente, le marketing, la supply chain, les RH… Car la digitalisation du retail aujourd’hui est à voir dans sa globalité, et demande d’embarquer tout le monde dans cette transformation. La supply chain est liée au marketing, et il faut que tout le monde se parle. On ne peut plus fonctionner en silo, et nous sommes un des seuls salons à avoir intégré cette idée dès le départ. Le fait de naître après le Covid nous a sûrement aidés car le digital était déjà totalement en explosion. Mais c’est pour cela que nous attirons les décideurs. C’est en traitant tous les sujets. Car tout fonctionne ensemble. Le jour où vous vous rendez compte de cela, c’est gagné.

Nous avons pu voir également qu’il y avait beaucoup d’entreprises internationales. C’est quelque chose que vous développez particulièrement ?

De fait, nous attirons énormément d’étrangers, d’Europe, mais aussi de Chine, des États-Unis, d’Israël… En pourcentage, la part d’étrangers parmi les visiteurs est en constante augmentation, et cette année ce fut particulièrement spectaculaire. Nous avons eu une délégation brésilienne de 25 personnes, énormément de gens du groupe Corte Ingles, en Espagne, et du groupe Uvesco. Nous avons été nous-mêmes surpris, et avons décidé d’embaucher des interprètes espagnols face à cet afflux, quelques jours avant. Parmi les marques, le Luxe était très présent aussi avec LVMH. Ils ont même privatisé toute une salle pour le petit déjeuner et le déjeuner, car plus de 100 personnes sont venues. Nous avons organisé au total 5 tours de visite guidée pour Chanel, et à chaque fois 10 à 15 personnes. Le luxe était très présent au salon cette année.

Comment expliquez-vous ce succès particulier et surprenant auprès des marques de luxe ?

Car ils ont encore beaucoup d’argent à investir, et voient leur secteur soumis à quelques difficultés ces temps-ci. Ils doivent donc, pour conserver leur marge, innover et investir fortement. Cela viendra se répercuter dans l’Ebitda. Toute cette innovation s’appelle la quiet tech. Elle n’est pas visible du client final, mais peut être très importante, comme dans la supply chain. Ce n’était pas vraiment leur priorité avant, et les marques géraient leurs stocks comme elles le pouvaient. Mais là, il faut d’une part réduire les coûts, et d’autre part, la tendance de la personnalisation leur demande de développer la connaissance client. Pour cela, ils ont besoin de technologies qui ne sont présentes qu’à Tech For Retail…

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