La société de conseil en IA Artefact a organisé avec MK2 le premier festival de court métrage réalisé par intelligence artificielle. Retour sur cet événement avec Vincent Luciani, cofondateur d’Artefact et retrouvez les quatre films gagnants.
Les prix du premier Artefact AI Film Festival ont été décernés le 14 novembre. Pourquoi avoir lancé ce festival ?
Vincent Luciani : En tant que leader du conseil sur le développement de l’IA, nous nous sommes dit que nous avions comme rôle de lancer un message positif sur l’intelligence artificielle (IA) dans toutes les craintes négatives que l’on entend partout. Et donc de montrer l’étendue de la créativité de ceux qui veulent l’utiliser, et de voir pragmatiquement toutes les possibilités. Nous avons donc choisi le cinéma, un domaine très important en France. Le but était aussi pour nous d’observer tout ce que cela peut apporter, de voir comment l’IA peut être intégrée dans un processus de création déjà très formalisé. C’est l’aboutissement de plus d’un an de travail avec MK2. Tout le monde a joué le jeu jusqu’au bout. C’était vraiment une très belle aventure pour nous.
Et vous qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Au-delà des retombées en termes d’image, nous avons pu en observer toutes les possibilités mais aussi les limites. Au total, plus de cent outils ont été utilisés par les participants. Nous avons reçu 300 candidatures, et avons sélectionné plus de 160 films. Le règlement était clair : il fallait utiliser un outil d’IA au minimum pour chacune des trois phases : en préproduction (dialogues, histoire, scénario…), en production (création d’image) et en postproduction. Nous avons vu des choses très étonnantes sur les usages. Certains avaient une utilisation très restreinte (ajouter du maquillage sur des humains, ou récrire certains dialogues), et d’autres ont utilisé l’outil quasi à 100 %. Les approches sont très différentes selon les projets. Pour les équipes d’Artefact, c’était vraiment très formateur. Sur les 100 outils utilisés, on n’en connaissait finalement qu’une trentaine. Ça a été une grande découverte. Nous avons accès à tous les prompts qui ont été utilisés pour les créations de films. Ça sera une mine d’or passionnante pour nous, d’analyser tout cela.
Et au niveau des points faibles, qu’est-ce que vous avez observé ?
Clairement, les productions d’histoires. Lorsque l’IA prend trop le dessus, les aventures restent plates. Et c’est d’ailleurs quelque chose que l’on observe au quotidien. L’émotion manque, on trouve beaucoup de limites dans les détails… On a dû mal à s’identifier totalement dans une histoire produite par l’IA. En revanche, esthétiquement, même si on reconnaît les défauts de l’IA, sur le mouvement des lèvres, les visages, sur les rendus de certains effets etc. l’outil ouvre de nouvelles perspectives, il amène à créer de nouvelles ambiances de nouveaux mondes. Globalement, ce qu’on aperçoit, et le jury [présidé par Jean-Pierre Jeunet] est très clair là-dessus, c’est que lorsqu’on l’ajoute à l’humain et qu’on le juxtapose à des histoires ou des scènes réelles que le résultat arrive dans une nouvelle dimension.
Palmarès
Lors de la remise des prix, 10 courts métrages ont été projetés et 4 ont été récompensés.
Le prix du public a été décerné à A dream, de Evgenia Shabunina.
Le prix de la meilleure utilisation de l’IA (en partaneriat avec Mediawan) à E^ (I*π) + 1 = 0 de Junie Lau
Le prix du Jury à Jamais Nansa Souvenirs de Ella Bedia
Et le Grand Prix à La vie quand t’ai mort de Raphaël Frydman