Nommée secrétaire d’État le 21 septembre, Clara Chappaz démarre une deuxième vie pour porter la parole du gouvernement dans l’IA et le numérique. Visite à ses côtés dans les locaux de la start-up Teale.
Une grande robe ample et ajustable, c’était encore la tenue de Clara Chappaz, le 10 octobre, lorsque la nouvelle secrétaire d’État visitait, enceinte, la start-up Teale à l’occasion de la journée de la Santé mentale. Créée en 2021, cette application est la première plateforme dédiée à cette préoccupation au service des salariés et des entreprises : elle dispose de 150 clients et accompagne 500 000 collaborateurs et agents, à travers des abonnements. « Le Premier ministre a fait de la santé mentale une grande cause nationale pour 2025, explique celle qui est aussi l’ancienne directrice de la French Tech. Les technologies et l’IA peuvent aider les gens qui en ont le plus besoin ». Elle-même se souvient n’avoir jamais suscité autant de réactions que lorsqu’elle a raconté, sur une vidéo de Teale, ses doutes de femme enceinte de son premier enfant, en 2022, confrontée à la responsabilité de mener la barque de la French Tech : « On m’a dit : "c’est super de pouvoir parler de sa vulnérabilité au travail" », se souvient-elle.
L’IA et le numérique, ce sont justement les deux composantes de son portefeuille ministériel. Une responsabilité double mais une ambition triple : il s’agit de se mettre au service des citoyens, des services publics et des entreprises. Teale est adaptée à des jeunes générations de salariés, pour lesquelles le covid a révélé une tendance de fond : 22 % des arrêts maladie sont en lien direct avec la santé mentale et, selon la start-up, près de 70 % des millennials ont déjà quitté une entreprise pour se protéger. Mieux vaut prévenir que guérir et c’est pourquoi le relevé de signaux faibles sur un dashboard, via des algorithmes et 70 programmes digitaux, puis l’accompagnement individuel, se révèlent précieux. « Dans le secrétariat d’État à l’Intelligence artificielle et au Numérique, reprend sa locatrice, il y a comment on favorise l’innovation et l’adoption des nouvelles technologies tout en protégeant les citoyens, notamment les plus jeunes. C’est le sens d’une commission écrans. Mais la technologie peut être aussi utile pour déceler des comportements abusifs qui ont un impact sur la santé mentale ».
Avant même que la ministre ne présente sa feuille de route, à la fin du mois, qui sera marquée par le sommet de l’IA en février, elle fait comprendre sa philosophie. Il s’agit de ne pas opposer les Français à leurs technos, même si une majorité sont inquiets de l’influence de l’intelligence artificielle sur leur travail. Elle s’inspire de l’IA Act où la France s’est battue pour défendre l’innovation « tout en protégeant et en régulant ». Clara Chappaz veut « valoriser notre capacité à développer des solutions » via l’IA, adapter les formations pour savoir par exemple non plus comment coder mais comment utiliser des outils d’assistance au code. Bref « apprendre à apprendre », comme elle dit, ce qui permettra des créations d’emplois. Le 21 octobre, c’est par un message sur les réseaux sociaux qu’elle annonçait une deuxième naissance. Le jour même.
14 juin 1989. Naissance à Paris.
2008-2011. Master de science, stratégie et entrepreneuriat à l’Essec.
2012. Analyste chez Pernod Ricard.
2013-2016. Manager puis VP marketing à Zalora en Thaïlande, directrice régionale à Singapour.
2016-2018. MBA à Harvard.
2017. Cofondatrice de Lullaby à Boston.
2019. Chief business officer à Vestiaire collective.
2021. Directrice de la French Tech.
2024. Secrétaire d’État chargée de l’IA et du Numérique.