Afin de se conformer aux nouvelles règles de concurrence européennes, Apple va permettre aux utilisateurs de ses smartphones et tablettes dans l'UE de supprimer les applications de la marque installées par défaut sur ses appareils, dont l'App Store ou Safari. Une évolution notable alors que le géant californien a longtemps défendu son écosystème fermé au nom de la sécurité.
Apple va désormais permettre aux utilisateurs de ses smartphones et tablettes dans l'Union européenne de supprimer les applications de la marque installées par défaut sur ses appareils, comme l'App Store ou le navigateur Safari, afin de se conformer aux nouvelles règles de concurrence de l'UE.
Le fabricant de l'iPhone a construit son succès en partie sur son écosystème fermé, avec des outils ultra compatibles entre eux sur différents appareils. Les utilisateurs ne peuvent que difficilement contourner l'App Store pour télécharger des applications mobiles via d'autres plateformes. « Les applications App Store, Messages, Camera, Photos et Safari pourront être supprimées pour les utilisateurs de l'UE », a indiqué Apple sur une page web d'aide aux développeurs. « Seules les applications Réglages et Téléphone ne pourront pas être supprimées ».
Les utilisateurs européens d'iPhone ou d'iPad pourront en outre gérer les paramètres par défaut des navigateurs, de la messagerie, des appels téléphoniques et d'autres fonctions, selon Apple.
Au nom de la sécurité
Depuis l'entrée en vigueur du règlement sur les marchés numériques (DMA) il y a un an, Apple et les autorités européennes sont engagées dans un bras de fer rythmé par des procédures et des menaces. « Les règles de l'App Store enfreignent le DMA, elles empêchent les développeurs d'applications d'orienter les consommateurs vers des canaux de distribution alternatifs pour des offres et du contenu », a estimé Bruxelles dans un « avis préliminaire » en juin, après une enquête.
Si ces conclusions préliminaires étaient confirmées, et si la firme américaine ne modifiait pas l'App Store d'une manière jugée satisfaisante par l'UE, elle pourrait écoper d'une amende allant jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires mondial (soit plus de 30 milliards d'euros sur la base des ventes de l'an dernier), et même jusqu'à 20% en cas d'infraction répétée.
Apple a longtemps défendu son écosystème fermé au nom de la sécurité, affirmant que l'ouvrir serait l'exposer au risque d'infiltration par des programmes piégés, compromettant la confidentialité des données des utilisateurs. « Afin d'assurer la sécurité des utilisateurs en ligne, Apple n'autorisera les développeurs à proposer des navigateurs alternatifs qu'après avoir rempli des critères spécifiques et s'être engagé à respecter un certain nombre d'exigences en matière de confidentialité et de sécurité », a précisé la société dans son message à l'intention des développeurs.
De nombreuses entreprises, comme Epic Games (Fortnite) et Spotify, luttent depuis des années contre l'écosystème d'Apple, qui oblige les éditeurs d'applications à passer par l'App Store, et donc à verser une commission à Apple. Le groupe californien avait promis le mois dernier de faire les changements nécessaires pour se conformer au DMA. Ce nouveau règlement a été introduit pour protéger l'émergence et la croissance de start-up en Europe et offrir plus de choix aux consommateurs.