Dossier START-UP

La présidente de la French Tech, Clara Chappaz, dresse le bilan des mesures prises en faveur de la parité dans les start-up, souvent ciblées pour la faible place faite aux femmes. Une interview également disponible en version audio.

En 2022, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire déplorait, à l’occasion du salon Vivatech, le manque de parité dans la tech. Deux ans plus tard, le problème reste-t-il majeur ?

Cela reste un enjeu essentiel. En mettant le sujet sous les projecteurs, nous voyons la situation changer. En 2022, nous avions rassemblé les responsables de start-up pour réfléchir à des mesures, constatant l’absence de femmes dans le Next 40, une part de fondatrices de start-up inférieure à 10 %, un déséquilibre dans les équipes qui s’accentue plus on monte dans l’entreprise… Nous avons donc lancé le Pacte Parité, signé par 70 entreprises dès 2022, et qui compte maintenant 700 signataires. Les chiffres publiés le 8 mars indiquent 45 % de femmes dans nos start-up, 43 % chez les managers, 38 % dans les comex et 28 % dans les boards. Avec des mesures concrètes, ce pacte donc porte ses fruits. Par ailleurs, 80 % des 1 200 start-up que nous avons sondées pour les dix ans de la French Tech estiment que c’est un sujet stratégique, et les trois quarts ont mis en place une feuille de route dédiée.

Mais quelles sont justement les mesures concrètes du Pacte Parité ?

Les signataires prennent cinq engagements. Tout d’abord, un recrutement plus inclusif, que les start-up ont tenu, comme le montrent les chiffres. Ensuite, une représentation paritaire de l’entreprise, en interne et en externe. Depuis qu’on voit plus de femmes, les start-up reçoivent davantage de candidatures féminines. Puis, un engagement sur la parentalité, les retours de congé parental faisant l’objet de dispositifs d’accompagnement. Par ailleurs, une formation des managers à la parité et, enfin, une mixité dans les conseils d’administration des start-up. 16 % des signataires ne comportent encore aucune femme, contre 22 % en 2022. Cela montre qu’il faut être plus proactif, en faisant entrer par exemple des administrateurs indépendants et pas seulement des investisseurs, qui sont généralement des hommes.

L’investissement est d’ailleurs un problème crucial, avec seulement 2 % des financements pour les start-up de femmes…

Ce chiffre est scandaleux et déceptif, même s’il date un peu. Je veux croire à un début de changement, avec les levées de start-up comme Pigment, d’Éléonore Crespo, ou Exploration Company, d’Hélène Huby. Mais il faut un changement dans la façon dont les fonds répartissent les investissements. Le collectif de femmes entrepreneures et investisseures Sista fait un bon travail en ce sens, en ayant lancé son propre fonds.

L’utilisation d’indicateurs comme le Gender Score de la start-up 50inTech, qui évalue le genre, l’égalité salariale, l’égalité de promotion de carrière…, favoriserait-elle le changement ?

Ces indicateurs sont bien sûr très utiles pour mesurer là où chacun en est. Nous nous référons, de notre côté, à l’index ÉgaPro, l’indicateur de l’État mesurant l’écart de rémunération dans les sociétés de plus de 50 personnes. Il est obligatoire pour les start-up de la nouvelle promotion du programme phare de la Mission French Tech, French Tech Next 40/120, de fournir un index ayant un score d’au moins 75. Ou, à défaut, de fournir un plan d’action pour atteindre le palier de 75.

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