Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) a doublé son bénéfice net sur un an au premier trimestre, engrangeant 12,4 milliards de dollars, un résultat encore meilleur que celui attendu par le marché, enthousiasmé par les perspectives du groupe américain dans l'intelligence artificielle.
Le résultat a dépassé les prévisions : 12,4 milliards de dollars de bénéfice net, un chiffre révélé lors des résultats trimestriels de Meta. Le géant des réseaux sociaux a vu son chiffre d'affaires trimestriel grimper de 27%, atteignant 36,5 milliards de dollars, d'après son communiqué de résultats publié mercredi 24 avril. « L'activité publicitaire de Meta est en pleine effervescence », a réagi Max Willens de Emarketer. L'analyste a souligné que l'entreprise a plus d'espaces publicitaires disponibles à la vente, et un prix moyen en hausse, de quoi « dégager des marges enviables, même si elle continue d'investir dans des secteurs qui ne contribueront peut-être pas aux bénéfices avant plusieurs années ».
Meta a en effet précisé qu'elle prévoyait des dépenses plus élevées que prévu pour cette année dans les infrastructures et la recherche et développement pour l'IA. Une information qui a douché le marché: son titre perdait plus de 12% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. Du côté des utilisateurs, Meta recense 3,24 milliards de personnes qui utilisent au moins un de ses services au quotidien, soit 50 millions de plus qu'à la fin 2023.
Meta AI
La croissance de Meta repose notamment sur ses outils publicitaires ultra perfectionnés et sur l'appétit des consommateurs et des annonceurs pour les « Reels », ces courtes vidéos divertissantes à faire défiler à la suite, copiées sur TikTok. D'ici à la fin de l'année, Meta pourrait en outre commencer à vendre de la publicité sur Threads, sa plateforme de messages écrits similaire à X (ex Twitter). Cela ferait plaisir « aux annonceurs qui veulent communiquer en temps réel avec leur public et qui auront enfin une alternative viable à X », a noté Mike Proulx, vice-président du cabinet Forrester.
Mais le sujet qui intéresse le marché, c'est avant tout les progrès de Meta dans l'IA générative (production de textes, images et autres contenus, sur simple requête en langage courant). Mark Zuckerberg a dévoilé la semaine dernière la nouvelle version de Meta AI: resté très discret jusqu'à présent, cet assistant d'IA va gagner en compétences et en visibilité sur Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp. De cette façon, « Meta met ses capacités dans l'IA au premier plan pour ses utilisateurs, qui ne vont ainsi plus dépendre de Google ou de Bing pour la recherche en ligne », a réagi Mike Proulx.
Et « Meta s'attaque même à ChatGPT », l'interface d'OpenAI qui a popularisé l'IA générative, a-t-il ajouté. Les grandes entreprises technologiques, Google et Microsoft en tête, sont engagées dans une course effrénée au déploiement de cette technologie. Meta a pris du retard, mais « grâce à ses plateformes elle dispose d'une base d'utilisateurs massive pour tester des expériences d'IA (...) et évaluer rapidement celles vers lesquelles ses utilisateurs gravitent », a commenté Debra Williamson de Sonata Insights.
« Modèle ouvert »
Après une année 2022 très difficile, Meta a rebondi en 2023 malgré l'inflation, grâce notamment à des mesures prises pour réduire les coûts, y compris un plan social. Du côté du métavers (mélange des univers réels et virtuels via des lunettes et casques high tech), décrit par Mark Zuckerberg comme l'avenir d'internet, la branche Reality Labs a de nouveau enregistré des pertes conséquentes, de plus de 3,8 milliards de dollars.
Mais Meta continue d'avancer dans ce domaine, avec le lancement cette semaine de « Meta Horizon OS », son système d'exploitation pour les appareils de réalité mixte, désormais ouvert à d'autres fabricants. Le milliardaire en a profité pour mettre en avant l'approche « open source » (accès libre au code de programmation) de sa société dans l'IA et le métavers, par opposition à son rival Apple, qui commercialise depuis peu son propre casque de réalité mixte (mêlant réalités virtuelle et augmentée).
« Sur les smartphones, le modèle fermé d'Apple a gagné. Les téléphones sont très contrôlés, vous êtes limité dans ce que vous pouvez faire », a déclaré Mark Zuckerberg dans un message filmé. « Notre objectif est que le modèle ouvert (open source, ndlr) soit la norme dans les appareils du métavers ». Comme Apple et les autres géants de la tech, Meta fait face à des poursuites lancées par l'autorité antitrust américaine.