INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Moins d’une semaine après son limogeage surprise, le retour de Sam Altman chez OpenAI interroge sur le développement du marché de l’intelligence artificielle.

Le retour de Sam Altman chez OpenAI, moins d’une semaine après son limogeage surprise, renforce la stature du jeune entrepreneur et la vision d’un développement à marche forcée de l’intelligence artificielle (IA), malgré les craintes qu’elle suscite. La réintégration du trentenaire a été rendue possible par la réorganisation du conseil d’administration, annoncée dans la nuit de mardi 22 à mercredi 23 novembre, et le départ de tous les administrateurs à l’origine de son renvoi, à l’exception d’Adam D’Angelo.

Ce dernier, patron du réseau social Quora, est rejoint par l’ancien secrétaire au Trésor américain Larry Summers et par l’entrepreneur et programmeur Bret Taylor. Selon plusieurs médias américains, ce conseil devrait être élargi, notamment pour intégrer un ou plusieurs représentants de Microsoft qui, bien qu’ayant investi 13 milliards de dollars dans OpenAI, en était jusqu’ici tenu à l’écart.

« Nous sommes enthousiasmés par les changements au sein du conseil d’OpenAI », a réagi Satya Nadella, PDG de Microsoft, sur X (ex-Twitter). « Nous pensons que c’est un premier pas essentiel vers une gouvernance plus stable, bien informée et efficace », a-t-il ajouté. « Je suis impatient de retrouver OpenAI et de développer notre partenariat avec Microsoft », a déclaré Sam Altman, qui aura été brièvement embauché par Microsoft après son licenciement. C’est un point de rupture pour OpenAI, créateur de l’interface d’IA générative ChatGPT et fondé en 2015 pour développer « une intelligence artificielle sûre », une philosophie garantie par ses statuts.

Au sommet, une société à but non lucratif, qui chapeaute la start-up OpenAI, est contrôlée majoritairement par des administrateurs indépendants, non-actionnaires du groupe. C’est une structure « inhabituelle » pour une société de la Silicon Valley, souligne Annika Steiber, dirigeante du cabinet Management Insights, les principaux exemples se trouvant dans d’autres secteurs.

« Un coup de force »

Quatre administrateurs de l’ancien conseil avaient justifié le renvoi de Sam Altman par son manque de « transparence » vis-à-vis d’eux, sans donner davantage de précision. Selon des médias américains, plusieurs d’entre eux reprochaient à l’ancien élève de Stanford de privilégier le développement accéléré d’OpenAI, quitte à se poser moins de questions sur les possibles dérives de l’IA.

Emmett Shear, éphémère directeur général nommé lundi, avait assuré sur X que « le conseil (n’avait) pas débarqué Sam à la suite d’un désaccord sur la sécurité » de l’IA. « Leur raisonnement était complètement autre », avait-il ajouté, sans plus de précision. Personnalité reconnue de l’IA et chercheur, Gary Marcus a répété mercredi ce qu’il avait dit au début de cette aventure hors norme, à savoir que cela « rappelle une évidence : on ne peut pas charger la tech de s’autoréguler ».

Dans un entretien en mars au site d’information GZero sur l’IA, Larry Summers s’était montré critique à l’égard des « politiques de restriction […] qui limitent les bénéfices que nous pouvons retirer de ces technologies ou qui les ralentissent ». « En général, il vaut mieux laisser pousser le plus de fleurs possible plutôt que d’en faire trop avec des restrictions », avait-il insisté.

De nombreux observateurs s’inquiètent du développement débridé de l’IA générative, des dommages qu’elle pourrait occasionner en matière de désinformation et de suppressions d’emplois. « Le côté non lucratif n’a plus aucun pouvoir » au sein d’OpenAI à l’issue de la saga qu’a connue la compagnie, a dénoncé Ed Zitron, patron de l’agence de relations publiques EZPR, spécialisée dans le secteur technologique. « C’est un coup de force. Vraiment triste, quand on y pense », a-t-il posté sur X.

« J’ai confiance dans le sens de l’éthique de Sam et dans son intégrité pour trouver l’équilibre entre les intérêts de chacun », a commenté pour sa part Vinod Khosla, fondateur de la société de capital-investissement Khosla Ventures, actionnaire d’OpenAI. « La société soumet désormais les programmes et l’intelligence artificielle à des exigences supérieures » sur le plan moral, estimait Bret Taylor en 2022. « Et tous ceux qui développent de l’IA aujourd’hui sont favorables » à intégrer « l’éthique et la transparence » dans leurs travaux, faisait-il valoir.

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