Les performances des activités de cloud des géants du secteur sont scrutées par le marché, qui y voit un signe de l'appétit des organisations pour la dernière vague d'intelligence artificielle.

Alphabet (Google) et Microsoft ont réalisé des résultats nettement supérieurs aux attentes pour la période de juillet à septembre 2023 mais le marché s'est surtout intéressé à leurs performances dans le cloud (informatique dématérialisée), terrain majeur du déploiement de l'intelligence artificielle générative.

Porté par le rebond de la publicité, Alphabet a réalisé près de 77 milliards de dollars de chiffre d'affaires au troisième trimestre, en hausse de 11% sur un an, d'après son communiqué de résultats publié mardi 24 octobre. Le groupe californien en a dégagé quasiment 20 milliards de bénéfice net, soit un bond de 42% en un an pour les profits de la maison mère de Google, et plus d'un milliard au-dessus des prévisions des analystes.

Microsoft, qui vient de finaliser l'acquisition d'Activision Blizzard (l'éditeur des jeux vidéo Call of Duty et Candy Crush, entre autres), n'est pas en reste avec 56,5 milliards de dollars de revenus (+13% sur un an) pour son premier trimestre comptable. Son bénéfice net est ressorti à 22,3 milliards, en hausse de 27%, aussi supérieur aux attentes.

L'entreprise de Redmond (Etat de Washington) a vu son cloud accélérer sa croissance à 24%. La plateforme Azure, vaisseau amiral de Microsoft dans le cloud, et les autres services associés, ont même enregistré une expansion encore plus rapide, avec une croissance de 29%. Son titre prenait près de 4% à Wall Street lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

Déception

En revanche, l'activité de cloud de Google a déçu avec 8,4 milliards de dollars de recettes au troisième trimestre (+22% sur un an), dont elle a pourtant dégagé un bénéfice opérationnel de 266 millions de dollars, au lieu d'une perte de 440 millions à la même période l'année dernière.

« Google est confronté à une forte concurrence dans le cloud », a commenté Max Willens, analyste d'Insider Intelligence. Les services d'informatique à distance du géant d'internet ont conquis de nombreuses start-up spécialisées dans l'IA, et « cela va porter ses fruits sur la durée, mais pour l'instant cela ne suffit pas à satisfaire les investisseurs », a-t-il détaillé. Le titre d'Alphabet perdait plus de 6% à Wall Street lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

Pour Dan Ives, l'IA générative, qui permet de produire textes, images, code informatique et sons sur simple requête en langage courant, constitue la « plus grande révolution technologique des 30 dernières années ». « Les cas d'usage s'accélèrent », estime l'expert de Wedbush. « L'impact de ce cycle de l'IA sur l'Internet grand public sera massif et commencera par les branches de cloud », prévoit-il.

Ce qu'en disent les patrons

La technologie a monopolisé les conférences téléphoniques de Google et Microsoft, qui mènent la course à l'IA générative avec l'ajout de nombreux nouveaux outils à leurs moteurs de recherche et services en ligne respectifs.

« Plus de la moitié des start-up d'IA générative ayant levé des fonds sont des clientes de Google Cloud », a affirmé Sundar Pichai, le patron d'Alphabet. « Notre plateforme Vertex AI aide nos clients à créer et déployer à grande échelle des applications basées sur l'IA », a-t-il continué. « Entre le deuxième et le troisième trimestre, le nombre de projets d'IA générative en cours sur Vertex AI a été multiplié par sept ». Le dirigeant a aussi évoqué l'intégration de l'IA de dernière génération dans la conception automatisée de publicités, les outils pour les créateurs sur YouTube et le nouvel assistant personnalisé « capable de raisonner ».

Satya Nadella, le patron de Microsoft, s'est aussi étendu sur les capacités d'Azure, boosté aux modèles de langage d'OpenAI, la start-up qui a lancé cette vague technologique avec ChatGPT, il y a près d'un an. « Plus de 18 000 organisations utilisent désormais les outils d'OpenAI intégrés à Azure », a-t-il affirmé.

Les deux firmes se font face à Washington dans le cadre du procès historique des Etats-Unis contre Google depuis mi-septembre. Satya Nadella a témoigné en faveur du gouvernement américain, qui accuse Google d'avoir bâti son empire sur des contrats illégaux avec Samsung, Apple et d'autres entreprises pour que son moteur de recherche soit installé par défaut sur leurs produits. C'est le plus important procès antitrust intenté aux Etats-Unis contre une grande entreprise technologique depuis celui contre Microsoft et son système d'exploitation Windows, il y a plus de vingt ans.

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