Dans le cadre d’une campagne pour l’Ademe, je collaborais en 2004 avec la Fondation pour la Nature et l’Homme. Près de vingt ans plus tard, les membres de son bureau m'ont proposé d'en devenir le président. J'ai dit oui.
Il y a près de vingt ans (en 2004), un brief de l’Ademe m’a retourné la tête et changé profondément ma vision du monde et ma trajectoire professionnelle : « Comment expliquer le dérèglement climatique aux enfants de 8 à 12 ans ? » Il y a près de vingt ans, j’étais jeune papa. Je ne connaissais rien au sujet, je n’en n’avais jamais entendu parler. Nous avons lu ce brief, les rapports d’experts, fait des recherches sur internet et découvert l’ampleur d’une réalité dont nous étions, à l’agence, tellement éloignés. J’ai été submergé. Le décalage entre mon métier, son univers, ses codes m’ont pété au nez. En développant cette campagne, nous avons, alors, collaboré avec la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) partenaire de l’opération qui lançait son « Défi pour la Terre ». On ne se connaissait pas. Forcément.
Il y a vingt ans, l’écologie restait une question marginale dans notre société. Pas de rubrique « planète » dans les médias, seuls les annonces relatant marées noires et autres pollutions catastrophiques faisaient la une. Il y a vingt ans, les mots dérèglement climatique et biodiversité était absents de notre vocabulaire. Ça paraît fou aujourd’hui.
Près de vingt ans après, la Fondation vient de me confier sa présidence. Pourtant bardés d’experts de grande qualité, de spécialistes du climat, de la biodiversité, adossés à un Conseil scientifique musclé, les membres du bureau et la directrice générale de la FNH m’ont proposé ce mandat qui m’honore. Je l’ai accepté. Mais après tellement de questions, tellement de doutes ...
Comment prétendre être utile quand on est, comme moi, un expert de tout, un expert de rien ? On peut être un bon communicant et savoir que son talent, finalement, est de ne rien savoir. Être comme un enfant de 10 ans qui pose des questions, qui veut qu’on lui raconte, qu’on lui explique et qui ne sera jamais qu’un passeur. Comment ne pas se sentir fragile, démuni, face aux multiples crises que notre humanité doit affronter ? Comment ne pas se sentir désarmé quand les phénomènes physiques et humains s’entremêlent, quand les mammifères que nous sommes paniquent devant un modèle de société qui vacille, des écosystèmes qui s’effondrent, un dérèglement climatique qui s’emballe ?
Pour une écologie inclusive
Pourtant j’ai dit oui. J’ai eu envie d’aller plus loin, de voir plus en profondeur ces sujets qui me taraudent et m’inquiètent. Envie d’être plus près des sachants, plus près des solutions aussi. J’ai eu envie de défendre cette écologie inclusive, cette écologie qui rassemble, qui cherche à dépasser tous ces clivages qui fracturent notre société et participent à un sentiment de chaos. En fait, j’ai surtout eu envie d’agir !
Pour faire bouger les lignes, embarquer les citoyens, convaincre les décideurs, les élus, il nous faut mobiliser toutes les énergies, tous les talents. Cela fait un moment que je radote dans cette tribune sur notre capacité à faire émerger de nouveaux imaginaires, de nouveaux récits pour se projeter collectivement dans un avenir plus écologique et plus solidaire. Nous devons mouiller la chemise, convaincre nos organisations, embarquer nos collectifs, créer des liens, travailler ensemble. C’est l’idée que je me fais de cette mission : contribuer à trouver des chemins de passage pour lever les freins au changement. Pour cela, l’expertise scientifique doit compter sur la capacité à mobiliser. C’est l’idée même de la Fondation depuis sa création.
Il faut du temps pour se convaincre que l’on peut agir. On peut planter dans son jardin, sur son balcon sans être botaniste, on peut s’engager sans être spécialiste. L’important c’est d’y aller. Et tenter, comme on peut, comme on est, de répondre à sa seule envie d’agir.