Le groupe Auditoire veut accélérer dans le luxe, avec notamment en ligne de mire la production de défilés de mode, aussi bien à l’international qu’en France.
Pharrell Williams sur le Pont-Neuf pour Louis Vuitton, des mannequins Saint Laurent dans le désert… En matière de défilés, la mode ne lésine pas sur les moyens, quitte parfois à fâcher pour sa démesure. C’est dans cet univers actuellement dominé par une poignée d’acteurs événementiels que le groupe Auditoire entend désormais s’inviter. Positionné sur le luxe depuis 2010, il y réalise aujourd’hui 30% de son chiffre d’affaires, avec des clients comme Porsche, Cartier, Jaeger-LeCoultre ou Moët Hennessy, et c’est même son premier marché devant l’automobile. « Au départ, c’était un complément à un business plus centré sur le corporate ou le grand public, retrace Cyril Giorgini, son président, par ailleurs ancien dirigeant de La Mode en Images, spécialiste de cette activité. Nous voulons ramener le luxe au centre de l’offre et du business. » Plus qu’un tournant, c’est davantage une réaffirmation de ses savoir-faire : « Notre plus gros client mondial est LVMH, le numéro 2, Richemont », rappelle-t-il.
Auditoire entend toutefois apporter une offre différenciante, c’est-à-dire en s’appuyant sur ses autres verticales, le lifestyle, l’entertainment, les nouvelles technologies immersives. « Le marché du luxe décélère et doit s’ouvrir à de nouvelles collaborations, modes de réflexion… Nous allons apporter au luxe une vision plus large que les opérateurs traditionnels », ambitionne Cyril Giorgini. « Le luxe s’exprime par le décor alors qu’il y a d’autres moyens de se mettre en scène », pointe-t-il par exemple, en évoquant aussi les problématiques de la « frugalité » et de l’identification des jeunes talents. Pour se démarquer, Auditoire compte aussi sur son ancrage en Asie, où il accompagne déjà des clients dans la mode, comme Gucci, Fendi ou Louis Vuitton, pour convaincre. Il assurait en octobre la production exécutive de la Fashion Week de Shanghai, un contrat signé pour trois ans. Il regarde aussi vers Londres et Milan pour 2025 et New York pour 2025-2026.
Symboliquement, le groupe rebaptise son ancienne entité « Luxury Makers » en « Auditoire Luxe ». Il confirme des experts à sa tête, Jean-Baptiste Cabrera Casasoprana (Dubaï et Moyen-Orient), Florence Lamy et Kathia Ternois (Paris) et Tommaso Vallini (Chine), tous travaillant avec Antoine de Tavernost, directeur général d’Auditoire Paris. À leurs côtés, une centaine de collaborateurs dédiés aux événements lifestyle, premium et luxe, ainsi que, en transverse, le planning stratégique et le social media. L’entreprise entend par ailleurs se doter d’un « nom » en direction de la création à Paris. Elle n’exclut pas de passer par de la croissance externe pour réussir.
Auditoire dispose aussi d’un autre atout : sa participation, au sein de Paname 24, aux cérémonies d’ouverture des derniers Jeux olympiques et paralympiques, saluées internationalement. Si son nom n’y est pas associé seul, il entend surfer dessus, via une nouvelle offre, Auditoire Big, adaptée aux grands événements. Dans ce cadre, il inaugurait en octobre, pour un client dans l’immobilier, Frasers Property, un quartier d’affaires à Bangkok en Thaïlande. Au programme, scène géante, danseurs et gratte-ciels. Comme une carte de visite pour atteindre ses nouvelles ambitions.
335 Nombre de collaborateurs permanents d'Auditoire dans le monde, dont 144 en France.
60 millions d’euros Marge brute 2023, pour 240 millions de chiffre d’affaires. Le groupe Auditoire vise, en 2024, 65 millions de marge brute et 260 millions de chiffre d’affaires (100 millions de marge brute dans les trois ans).