Les dépenses de conseil des ministères en 2021 ont dépassé le milliard d’euros selon les estimations fournies récemment par la commission d'enquête du Sénat scrutant le recours par l'Etat aux cabinets de conseil. Très attendues, les conclusions pointent un «phénomène tentaculaire et opaque», au coût croissant pour les finances publiques.
«Le recours aux consultants constitue aujourd'hui un réflexe» et ces cabinets sont «au coeur des politiques publiques», jugent les sénateurs après quatre mois de travaux au cours desquels ils ont notamment auditionné les ministres Olivier Véran (Santé) et Amélie de Montchalin (Transformation publique). Une expertise coûteuse puisque «d'après les éléments transmis par les ministères, le coût moyen d'une journée de (travail d'un) consultant s'élève à 1 528 euros TTC pour la période 2018-2020». Conséquence: un montant en nette augmentation au cours du quinquennat d'Emmanuel Macron. En 2018, celui-ci se limitait à 379,1 millions d'euros.
«Effet d'annonce»
Le Premier ministre Jean Castex a certes dégainé mi-janvier une circulaire pour encadrer le recours aux «prestations intellectuelles». Mais elle n'a aucun «caractère contraignant», pointent les sénateurs. Et l'objectif de réduire les dépenses de conseil de 15% en 2022 apparaît «peu ambitieux». Guère convaincus par cet «effet d'annonce», ils reconnaissent néanmoins que les dépenses de conseil de l'Etat demeurent bien inférieures à celles de l'administration britannique ou allemande. Reste que «les cabinets de conseil sont intervenus sur la plupart des grandes réformes du quinquennat, renforçant ainsi leur place dans la décision publique», déplore le rapport. C'est notamment le cas de McKinsey. Le gouvernement a sollicité le cabinet aussi bien pour la réforme du mode de calcul des aides personnalisées au logement (pour un montant total de 3,88 millions d'euros) que dans le cadre de la campagne vaccinale contre le Covid-19 (12,33 millions).
D'autres cabinets ont accompagné l'Etat sur des sujets de premier ordre, comme Capgemini qui a contribué à développer le Baromètre des résultats de l'action publique (3,12 millions d'euros) ou Sémpahores, chargé d'aider les préfectures à sécuriser la distribution de la propagande électorale (environ 290 000 euros).