Assiste-t-on, dans le domaine de l’IA, à une impitoyable bataille des RH ? Quels sont les profils les plus chassés ? Comment rester compétitif en termes de recrutement ? Autant de questions abordées le 25 septembre dernier lors d'une table ronde organisée dans le cadre du Stratégies Festival.

La question se pose en termes quasi martiaux. Lorsqu'il s’agit d’IA générative, peut-on parler, en entreprise, d’une guerre des talents sans merci ? Telle était la question posée lors de la table ronde du 25 septembre, pendant le Stratégies Festival qui se tenait au Pavillon d’Armenonville du 25 au 26 septembre. Quels sont les profils les plus convoités dans l’IA ? «Les profils qui nous intéressent chez Ogilvy et particulièrement chez Ogilvy One se situent en premier lieu dans les createch, explique Julia de Sainte-Marie, managing partner d’Ogilvy One et de l’AI Lab @Ogilvy Paris. Il s’agit de profils qui sont en capacité de comprendre les dernières innovations, les grammaires des nouvelles plateformes qui sont pléthore sur le marché et ne cessent d’évoluer. Le deuxième profil “chassé”, ce sont les PMO [project management officer] tech et innovation, qui vont travailler sur des projets POC [proof of concept] et permettent d’identifier les points d’accélération rendus possibles par l’IA. Enfin, troisième profil chassé, les AI Artists, capables d’utiliser l’IA comme nouveau terrain de jeu créatif.» 

En termes de formation, comment rendre les étudiants plus attractifs de ce point de vue sur le marché de l’emploi ? «L’an passé, nous avons rendu l’IA obligatoire pour tous les rendus estudiantins, explique Vincent Montet, directeur-fondateur du MBA spécialisé Digital Marketing & Business (Efap) et vice-président de l’ACSEL (Association économie numérique). Nous les formons avec des ateliers autour de la méthode “hyperprompt”, qui permet de sortir de ce que j’appelle l’économie de la flemme pour utiliser l’IA de manière pertinente. Cette année chez nous, 300 thèses ont été faites avec l’IA.» 

In fine, les étudiants formés à l’IA se font-ils offrir des ponts d’or ? «Sur mes 300 étudiants, j’ai 5 à 10% de chefs de projet IA, avec 10 à 15% de salaire supplémentaire pour les profils 100% IA», relève Vincent Montet. «Un CV positionné IA, c’est un “plus”, c’est clair», estime Julien Saurin, directeur de création chez Rosa Paris. «J’ai assisté récemment à un webinaire dans lequel la DRH d’une grande marque de luxe a déclaré publiquement que la maîtrise de l’IA était discriminante dans les entretiens d’embauche», raconte Vincent Montet.  

Recruter ces nouveaux talents ne passe pas toujours par les canaux traditionnels, souligne Julia de Sainte-Marie : «Nos RH ont dû s’adapter à de nouvelles fomres de recherches. On se rend évidemment sur des plateformes comme LinkedIn mais aussi Instagram, etc. pour identifier par exemple les AI artists et leurs communautés.»  

En interne, pour ne pas laisser les salariés les plus seniors au bord de la route, la question de la formation est cruciale. «D’ailleurs, je m’attendais à une césure nette entre juniors et seniors, mais ce n’est pas le cas, remarque Julien Saurin. La césure se fait plus sur le côté “geek” et “non geek”, sur la curiosité vis-à-vis des outils.» 

Pour autant, de l’aveu de tous, il faut raison garder devant la frénésie de la GenAI en entreprise. «Notre conviction, au sein du MBA, c’est que l’IA ne va pas créer 2000 nouveaux métiers... Elle va détruire de l’emploi, c’est très clair. Mais il s’agit d’être préparé, car nous ne sommes qu’au début. Si on prend l’image du tsunami, nous en sommes à l’étape du retrait des oiseaux...» 

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