Levée progressive des mesures sanitaires, plan de relance des salons soutenu par l’État, guerre en Ukraine… Renaud Hamaide, co-président de l'Union française des métiers de l'évènement (Unimev) et PDG de Comexposium, esquisse les perspectives du secteur événementiel après deux années fortement ralenties par la crise sanitaire.
Comment s’annonce la reprise du secteur événementiel à l’heure de la levée progressive des mesures sanitaires ?
RENAUD HAMAIDE. Plutôt bien. Mais, avant tout, je souhaiterais revenir sur les faits de fin 2021 et de début d’année 2022. Il faut noter que la recommandation faite par la ministre du Travail Élisabeth Borne de suspendre les moments de convivialité en entreprise puis l’annonce par le Premier ministre de la limitation des jauges à 2 000 personnes en intérieur et 3 000 en extérieur pour les stades et les salles de spectacle ne se sont pas appliquées aux salons et aux congrès. En revanche, ces restrictions ont eu un impact. D’une part, sur les événements de fin d’année, qui ont été annulés en cascade à partir de début décembre. D’autre part, sur des événements à forte connotation internationale, comme les congrès internationaux et les salons accueillant de nombreux exposants et visiteurs étrangers, qui ont été reportés.
Il faut se rappeler que nous étions dans un contexte de forte contamination au Covid-19, avec de nombreuses contraintes sanitaires, ce qui rendait très difficile l'accès des internationaux à la France. Ainsi, certains événements prévus en janvier ont été reprogrammés, comme le salon Maison & Objet (du 24 ou 28 mars 2022) et le congrès mondial médical Imcas (du 3 au 5 juin 2022). Pour autant, certains se sont tenus à l’image de Première Vision et Who’s Next, avec une baisse sensible du visitorat étranger. Depuis septembre 2021, ce sont 50 % des exposants internationaux et 20 % des exposants français qui ne sont pas venus sur les salons. Il faut retenir que sur les salons qui se sont tenus durant cette période, les exposants ont perdu des visiteurs mais ont gagné en qualité de visitorat. Aujourd’hui, les annonces du gouvernement sont encourageantes. L’activité reste calme en février mais la filière est prête pour la reprise du printemps, qui s’annonce d’ores et déjà plus rapide que nous avions prévu. Nous devrions avoir de mars à décembre 2022 une activité soutenue qui rattrapera une partie du retard cumulé en janvier et février.
Quels enseignements tirez-vous de cette période qui a bouleversé le secteur événementiel ?
Fondamentalement, le point positif de cette crise sanitaire est d’avoir montré la pertinence du business modèle de la rencontre. Ce qui était un questionnement de certains acteurs avant la pandémie ne l’est plus aujourd’hui. Force est de constater que 95 % des gens sont revenus très vite à l’événementiel, qui s’est adapté à la crise et aux évolutions du marché, avec une accélération de l’hybridation et le développement de l’omnicanalité.
Pensez-vous que la guerre en Ukraine va avoir des conséquences sur cette reprise ?
C’est un gros point d’interrogation. Je ne connais pas la proportion de la clientèle russe sur les congrès et les salons mais la Russie n’est pas un gros partenaire pour la France. En revanche, je pense que cette guerre peut faire naître du stress chez les dirigeants et qu'elle va impacter des activités économiques. Quelles en seront les conséquences pour notre filière ? On ne peut pas le savoir encore. Pour l’heure, il n’y a pas de ralentissement de l’activité.
L’État a soutenu la filière pendant la crise sanitaire et prévoit aujourd'hui un plan de relance. De quoi s’agit-il ?
C’est un dispositif d’accompagnement destiné à soutenir la filière des salons et autres expositions dans le cadre du plan de relance de la destination France. Le décret met en place plusieurs aides à hauteur de 100 millions d’euros. Cela comprend d'abord une aide pour inciter les petites et moyennes entreprises à participer aux foires et salons de plus de 500 exposants. Il s’agit d’une subvention octroyée aux PME exposantes, égale à 50 % des dépenses de location de surface d’exposition plafonnée à 12 500 euros par bénéficiaire. La condition est que l’entreprise n’ait pas exposé lors de l’édition précédente. Cela permettra de subventionner jusqu’à une centaine d’exposants par événement, avec un montant plafonné à 1,35 million d’euros par événement. Ce dispositif concerne 74 foires et salons en France identifiés par le ministère, qui doivent se tenir entre mars 2022 et juin 2023. Le décret prévoit également une aide au retour des acheteurs internationaux dans un environnement très concurrentiel. L’enjeu est de garder nos parts de marché sur les salons. Enfin, le programme comprend des prêts sur fonds d’épargne avec la Banque des Territoires.
Quels sont les sujets majeurs de l’Unimev aujourd’hui ?
Le premier sujet concerne notre filière. Nous avons créé une communauté regroupant les métiers de l’événementiel et les différentes représentations. L’enjeu aujourd’hui est de structurer cette communauté pour parler collectivement et travailler ensemble à l’avenir de notre secteur. Le deuxième sujet est le développement durable. Nous avons signé l’Engagement pour la Croissance Verte (ECV) en faveur de la transition vers l’économie circulaire. Cet engagement sur trois ans a été signé le 7 février dernier par l’État et les organisations professionnelles (Unimev, Lévénement et Créalians). Il participera à la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire. Nous allons travailler sur des actions pour réduire les déchets et améliorer leur revalorisation. Nous voulons que nos entreprises intègrent ce périmètre d’actions pour devenir à terme exemplaires sur ce sujet.
Qu’en est-il de l’activité de Comexposium ?
Notre activité (135 événements, dont 30 % se fait à l’international) a redémarré de façon modérée selon les pays. En France, nous avons choisi de maintenir nos événements. La reprise est là. 2022 sera une année convenable, qui représentera 80 % de l'activité de 2019. Après deux années très difficiles, nous avons été contraints d’effectuer un plan social (130 emplois supprimés en mars 2021), nous nous remettons en situation de croissance. Nous faisons notre métier moins grand en continuant à nous développer. Nous avons repris le salon Bijorhca, signé un contrat avec le SIEC (salon des centres commerciaux) mais aussi recruté 15 % de nos effectifs globaux.