Avec l’entreprise à mission, la loi Pacte d’avril 2019 a créé un nouveau statut. Mais d’autres, plus anciens, permettent d’affirmer sa différence dans le milieu économique, et toujours avec l’envie de changer le monde.
Scop : un sigle récurrent à l’évocation des statuts innovants. Or sa création remonte au 18e siècle. Avec la naissance de la responsabilité sociale et environnementale, la Société coopérative et participative a le vent en poupe. En 2021, le marché de la communication en comptait 280, réprésentant 2 700 emplois.
Et Pourquoi pas
Titaïna Crozzoli s’amuse encore des réactions à la création de son agence, Et Pourquoi Pas. « Nous étions traités de hippies, en 2003, car l’adoption de ce statut de Scop témoignait d’une autre façon de voir les choses. L’agence était un Ovni. Les gens rigolaient. C’était philosophique, avec un salarié, une voix. C’était et c’est un travail d’équipe. Je l’ai créée il y a 20 ans ; elle ne m’appartient pas. Je ne calcule pas son prix en cas de revente, à mon départ. Mais, à l’instar d’une société classique, les enjeux de solvabilité s’imposent. À 73 %, le taux de pérennité des Scop plaide en leur faveur. Je regrette d’entendre beaucoup parler des entreprises à mission quand les Scop existent depuis si longtemps. Elles sont des entreprises à mission de fait. »
Mieux
Agence conseil engagée. Thomas Parouty affiche d’entrée de jeu le sillon tracé par Mieux, son agence créée en 2009. Raison d’être, société à mission : le package complet. « Le statut ne fait pas l’entreprise, mais la façon dont on fonctionne. On refuse des campagnes. Se demander comment aider le consommateur pousse à regarder plus loin que la marge brute. Bien faites, nos campagnes sont rentables. » Les spécificités de son agence : mécénat d’entreprise, place en crèche, télétravail à volonté, ramassage des déchets, douceur… Cinq nouveaux collaborateurs vont arriver d’ici juin. « Recruter est facile pour nous. Beaucoup de communicants recherchent du sens. »
The Good Company
ʺPurposeʺ ou profit ? Luc Wise a tranché : « l’un ne va pas sans l’autre ». En revanche, le fondateur de The Good Company s’est interrogé. « La Scop est formidable si tout le monde dispose du même apport au départ. Quand je l’évoquais, je passais pour un fou. Avec mon choix d’entreprise à mission, et mes 18 ambitieux objectifs, je peux rater des opportunités à court terme, mais gagner en crédibilité à long terme ainsi qu'en attractivité avec l’actionnariat salarié, un écart de salaires réduit de 1 à 10, une politique active de formation… »
Imfusio
Entreprise de l'économie sociale et solidaire (ESS) : un nouveau sigle apparu en 2014, mais pas un nouveau statut. Cette étiquette supplémentaire en dit long sur le parti pris par Yaël Guillon pour Imfusio, son cabinet de conseil en transformation culturelle. « Le caractère ESS vient réduire la rémunération des actionnaires. La cohérence entre la raison d’être et le statut s'établit. Faire de la marge est possible pour augmenter notre capacité d’impact. » Il y a cinq ans, Imfusio travaillait avec le groupe Accor. « Tout ce que l’on faisait était utile à la performance, sans transformation profonde. L’écart avec nos valeurs était trop grand. » Yaël Guillon a stoppé tout net. Sans stress.