Dossier EVÉNEMENTIEL

Missak Manouchian est entré au Panthéon le 21 février. Comment se fabrique, d’un point de vue événementiel, une telle cérémonie ? Eléments de réponse avec Shortcut, l’agence à la manœuvre.

Plus de 3,3 millions de téléspectateurs ont suivi la panthéonisation du résistant communiste d’origine arménienne Missak Manouchian, de son épouse Mélinée Manouchian et de 23 de ses compagnons d’armes, le 21 février autour de la tranche indicative 18h30-20h. Un événement voulu par le président de la République Emmanuel Macron pour porter un message autour de l’intégration et de la France. Remontée de la rue Soufflot, vidéomapping sur la vie du résistant, entrée des cercueils, discours présidentiel, lectures et moments chantés… Le dispositif, d’ampleur, a été pensé des semaines en amont. Un travail mené par l’agence événementielle Shortcut Events, en lien avec les services de l’Etat, après avoir, le 10 janvier, remporté un appel d’offres lancé début décembre par le Centre des monuments nationaux (CMN). Pas une première pour elle : « nous avons réalisé les huit dernières panthéonisations », indique Christophe Pinguet, son cofondateur, dont le périmètre était l’accompagnement de A à Z de la cérémonie : conception et déploiement de la scénographie, organisation des moyens scénaristiques, artistiques et techniques, coordination des moyens de l’Etat avec les donneurs d’ordre, lien avec le média hôte, en l’occurrence, France Télévisions.

D’un point de vue événementiel, le sujet -même maîtrisé- est à haut risque. « Il y a un sujet de mixité technique. Il faut conjuguer la mise en scène du bâtiment et la gestion du concept lié à la personnalité », dépeint le patron, qui parle de « quadrature du cercle du roman national ». Conjuguer aussi, cérémonie protocolaire (avec ses codes) et émission de TV (avec les siens propres). Le tout en s’adressant à différentes cibles : les 2500 invités sur place, les personnes à distance et celles qui verront la cérémonie plus tard, en lien avec sa dimension mémorielle.

Pour cela, l’agence n’a rien négligé. « Nous sommes le garant de la bonne exécution de ce que souhaite la présidence de la République », explique Christophe Pinguet. « Il s’agit de traduire une volonté politique sans faire de politique. Nous ne rentrons pas dans le discours mais faisons en sorte de révéler quelque chose du roman national », témoigne-t-il encore. Quitte à faire quelques « concessions créatives et artistiques » pour répondre à cette demande tout en tenant compte aussi des souhaits de la famille. Le tout est passé par un « savoir scénographique simple, sobre, solennel et en même temps un peu léger, poétique, faisant appel aux us et coutumes, à l’art et la manière », relate-t-il. Autres prérequis : savoir jongler avec les différentes parties prenantes (services de l’Etat, mairie de Paris, préfecture…) et, bien sûr, gérer les imprévus. A J-1, le sujet était celui de la météo et de l’adaptation éventuelle du dispositif, dont une partie se déroulait à l’extérieur.

Côté médias, si la cérémonie n’était pas une coproduction, il y a eu « une collaboration à 100 % » avec France Télévisions. « Il a fallu nourrir de pédagogie pour retransmettre au plus grand nombre », expose le dirigeant, qui a eu des réunions en amont avec le groupe audiovisuel pour présenter le projet, informer sur le dispositif, « donner les ingrédients pour leurs invités et leurs plateaux », traduit le patron. 38 caméras ont été déployées.  

Au total, une dizaine de personnes de tous les métiers (graphisme, vidéo, scénographie…) ont été mobilisées chez Shortcut (sur 45 au total), sous la houlette de Christophe Pinguet et de Lionel Laval, cofondateur. Et pas moins de 400 personnes ont contribué à la préparation.

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