L’Association des agences-conseils en communication a lancé avec Les Déterminés et l’Afdas un programme permettant à 17 jeunes issus des quartiers prioritaires de Paris et sa banlieue d'être formés aux métiers de la création publicitaire.
Aujourd’hui, les métiers de la publicité doivent s’ouvrir sur le monde et être en adéquation avec la société et sa pluralité. Pour se démarquer, il est nécessaire que ces métiers de la création en agence offrent aux marques une créativité nourrie par des visions et cultures différentes. L’AACC, l’Association des Agences-Conseils en Communication, l’a bien compris et lance le programme IIN, une formation aux métiers de la création publicitaire. En partenariat avec l'association Les Déterminés et l’Afdas, 17 jeunes issus des quartiers prioritaires de Paris et sa banlieue vont ainsi pouvoir se former dans ce secteur.
Pour Gilles Fichteberg, président de la délégation Publicité de l’AACC, c’est un moyen de favoriser la diversité et l’inclusion sociale mais surtout, un besoin pour les agences. «Le profil des personnes en agence est toujours à peu près identique, on retrouve les mêmes écoles, les mêmes parcours. Le monde est pluriculturel et les agences doivent le prendre en considération. Le kaléidoscope de la France aujourd’hui est gigantesque et on s’aperçoit qu’on ne le représente pas correctement. En tant qu’agence de publicité, on se doit d’avoir une acuité sur le monde pour justement en parler avec précision. Il est nécessaire d’avoir une structure au sein des agences qui soit en accord avec cette pluralité», précise-t-il.
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L’AACC et Les Déterminés, association dont l'objectif est d’offrir à tous une chance de réussir, ont réalisé un important travail en amont. Ils ont dû identifier les jeunes avec un potentiel créatif et faire remonter ces informations en distinguant les plus motivés, les plus inventifs. 17 personnes ont ainsi été sélectionnées pour cette première édition. Alors qu'il vient d'être renouvelé pour deux ans à la tête de la délégation Publicté de l'AACC, Gilles Fichteberg, initiateur du programme, estime que ce projet répond à une urgence pour les agences : «Je souhaitais vraiment que ce soit du concret, tout de suite. La réalité aujourd’hui, c’est que dès lors qu’on parle de diversité ou d’inclusion sociale, tout le monde est d’accord. Le problème, ce n’est pas tant d’être d’accord, c’est de faire. Il faut commencer à agir et faire évoluer les choses.»
Grâce au financement de l’Afdas, un opérateur des compétences dans les secteurs de la communication et des médias, les 17 jeunes ont pu intégrer un cursus pédagogique bien précis. Après avoir reçu plus de 300 heures de formation ainsi qu’un stage de 15 jours en agence, ces apprentis ont commencé leur alternance. Depuis le 14 février, ces jeunes sont formés, en contrat de professionnalisation expérimental, aux différents métiers de la création publicitaire, et cela sur une durée de 12 mois. Chacun a intégré l’une des 17 agences partenaires* de l’AACC qui se sont portées volontaires.
«Expérimental pourquoi ? Parce que ça nous permet juridiquement et légalement d’aller chercher une certification. On peut former à ce métier, trouver des outils pédagogiques assez précis et construits pour être assimilés concrètement et rapidement. Nous faisons cela dans le but d’aller chercher une certification au bout de trois ans et d'avoir un programme certifié qui nous permet par la suite, si on le souhaite, d'ouvrir une école», indique Gilles Fichteberg.
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Les cours, qui se déroulent une semaine par mois, sont assurés par Oreegami, une académie qui forme des promotions d’experts du marketing digital et de la publicité. Durant cette formation, ces jeunes recevront un enseignement de qualité avec des directeurs de création. C'est une source d’inspiration pour ces apprentis et un moyen de leur montrer que ces métiers sont ouverts à tous. Les formateurs ne viennent pas seulement dispenser un cours. Ce programme va bien au-delà de l’enseignement. «Il y a beaucoup de jeunes qui se disent que ces métiers ne sont pas pour eux, qu’ils sont réservés aux autres. C’est pourquoi on travaille beaucoup sur l’accompagnement et la valorisation. Ces jeunes doivent avoir confiance en eux. Ils ont un talent et il faut leur montrer qu’il y a des métiers qui peuvent accueillir ce talent et le faire progresser», insiste Gilles Flichteberg.
Le sujet du programme IIN n’est pas seulement la diversité ou l’inclusion sociale, mais plus largement l’ouverture. «Comment raconter le monde si soi-même on n’est absolument pas représentatif du monde dont on parle ? Ce n’est pas possible», se questionne le président de la délégation Publicité de l’AACC. Cette formation est donc bénéfique aux deux parties. Et lorsqu’on lui demande si cette ouverture au monde professionnel représente une certaine richesse pour ces jeunes, il nous répond simplement : «la meilleure réponse à cette question, c’est de discuter avec eux».
*Les 17 agences membres de l’AACC et partenaires du programme sont : Australie.GAD | Babel | BETC | Biggerband | DDB | DentsuMB | Havas Paris | Heaven | Herezie | Hungry & Foolish | Madame Bovary | McCann Paris | MNSTR | Ogilvy | Rosa Paris | Serviceplan | VMLY&R.