Mariette Darrigrand est sémiologue, Myra Frapier-Saab, spécialiste de la communication corporate, et Noëlle Poggioli, experte de l'édition et des études qualitatives. Les trois professionnelles chevronnées lancent un cabinet de conseil destiné aux entrepreneurs en transition.
À elles trois, elles peuvent se prévaloir d’un bac+20. Mariette Darrigrand, sémiologue, a fondé le cabinet de sémiologie Des faits et des signes. Myra Frapier-Saab est docteur en histoire contemporaine et en histoire du Moyen-Orient, a travaillé au Sénat, aux ministères du Travail puis de l’Écologie aux côtés de Jean-Louis Borloo, et est fondatrice du Cabinet Frapier-Saab, spécialisé dans la communication corporate et dédié aux entreprises et aux corporations. Noëlle Poggioli, quant à elle, est diplômée de l’Edhec et traductrice, a œuvré dans l’édition au sein d’Albin Michel et de Nathan, et a créé l’institut d’études qualitatives Stratégies et Paprika.
Ces trois expertes chevronnées unissent leurs forces pour créer une offre adressée aux entrepreneurs en transition, Motchila. Ce mot espagnol désigne « un sac à dos qui contient l’essentiel, explique Noëlle Poggioli. À l’origine, le nom désignait le sac du marin qui partait pour le nouveau monde, avec tous ses outils précieux. Pour nous, les entrepreneurs, avec lesquels nous nous sentons forcément en affinité, ce sont des explorateurs.»
À l’origine de ce nouveau bagage pour la transition, une intuition de Myra Frapier-Saab. « Lorsqu’on quitte la sphère publique pour l’entreprise, l’on se rend compte que l’entrepreneur est un acteur de premier plan dans la société, en termes d’emploi bien sûr, mais aussi de protection sociale, etc. Or l’entrepreneur subit une foule d’injonctions contradictoires, dans un contexte de transition sociale et sociétale très forte. Il doit produire mais pas polluer, etc. Cette offre, c’est une déclaration d’amour aux entrepreneurs, pour les libérer de leurs doutes, les aider à choisir leurs combats et à les assumer. »
L’offre, qui s’adresse aux PME, TPE et ETI, se décompose en trois temps et 15 actions, sur une durée moyenne de neuf mois. Dans un premier temps, l’audit, l’écoute de la culture d’entreprise, menés par Noëlle Poggioli. « Ce qui est passionnant, ce sont les histoires humaines, que l’entrepreneur ait créé sa société lui-même ou qu’ils soit le dernier maillon d’une entreprise familiale, estime Noëlle Poggioli. Nous écoutons évidemment aussi les équipes, les clients, les fournisseurs… »
Pas de «moraline»
Après cette étude fouillée et minutieuse, intervient l’étude du langage de l’entreprise. C’est là que Mariette Darrigrand intervient, qui va notamment constituer un glossaire. Avec, au cœur du process, la question de l’éthique. « C’est un mot galvaudé, qu’il faut opposer à cette morale de catéchisme de l’époque, ce que Nietzsche appelait la “moraline”, s’éloigner de ce discours caoutchouteux et bien-pensant », insiste la sémiologue. Le parcours « va de l’intérieur vers l’extérieur », précise Myra Frapier-Saab, laquelle conclut la démarche « quand il s’agit d’ouvrir l’entreprise vers les partenaires privés et publics ». In fine, il s’agit de fournir, expliquent-elles, « un livrable concret. C’est important de penser mais il est également important de faire. »
Pour l’heure, l’offre est en phase de démarrage. « Nous pouvons être utiles à des secteurs comme les medtechs, les entreprises traditionnelles qui ne savent pas comment réduire leur empreinte tout en restant rentables… », souligne Myra Frapier-Saab. Toutes trois sont confiantes dans leur approche. « L’entrepreneur doit être philosophe aujourd’hui, explique Mariette Darrigrand. On sent que la société est prête pour l’apport de la culture au commerce. Nous souhaitons remettre des Humanités, dans le sens intellectuel du terme, dans les entreprises, à un moment où elles en ont fort besoin. »