L'Académie française a adopté le 15 février un rapport dénonçant la confusion due à l'abondance d'anglicismes dans la communication institutionnelle, et le risque « d'une perte de repères linguistiques ». Intitulé « Pour que les institutions françaises parlent français », le rapport d'une trentaine de pages a été rédigé par une commission ad hoc, composée de six académiciens. L'Académie décèle « une évolution préoccupante », à savoir une « envahissante anglicisation ». Selon elle, « nombre d'anglicismes sont employés en lieu et place de mots ou d'expressions français existants avec pour conséquence immanquable l'effacement progressif des équivalents français ». « "Follower" serait par exemple trop souvent privilégié face à "abonné", mais aussi "adepte", "ami", "contact", "fan", "suiveur" », détaille-t-elle. Le rapport donne des dizaines d'exemples, issus d'institutions publiques, d'agences, de collectivités territoriales, d'entreprises publiques ou privées. Certains sont répandus et/ou faciles à comprendre (des déclinaisons de "start-up", "kit de com", "valley", etc.). D'autres exigent une certaine maîtrise de l'anglais, comme "bleisure" (mot-valise entre "business" et "leisure"), le slogan « Unboring the future » d'un constructeur automobile, etc. Au-delà du lexique, l'Académie française déplore « des conséquences d'une certaine gravité sur la syntaxe et la structure même du français ».