WPP a inauguré son nouveau campus à Levallois avec une action de son réseau mondial Stella dédié à la promotion des femmes et à l’amélioration de leur qualité de vie au travail. Cécile Lejeune, CEO de VMLY&R et présidente de Stella, détaille les premières actions.
WPP s'installe dans les anciens locaux de Lagardère, à Levallois. Quelles actions avez-vous décidé d'engager en faveur des femmes qui constituent 63 % des effectifs du groupe ?
Cécile Lejeune : Le premier événement que nous organisons aujourd’hui sur le nouveau campus sera piloté par Stella. Cette organisation mondiale pour la promotion des femmes au sein de WPP* est née en 2017 à Londres et se déploie déjà dans de nombreux pays. Nous avons déjà 40 % de femmes à des postes de direction en France et nous avons pour objectif d'arriver à 50 % d'ici cinq ans. L'organisation Stella doit relever trois défis : d'abord aider les femmes a acquérir plus de confiance, à travers la mise en place de training et de speed mentoring ; ensuite favoriser l'entraide à travers une communauté permettant d'accéder à des conférences de femmes inspirantes mais aussi grâce à un groupe d'échange permanent; enfin et surtout mettre en place des actions concrètes car les femmes doivent encore franchir des barrières pour progresser. Il ne faut pas oublier que le monde du travail a été créé par des hommes pour des hommes.
Avez-vous déjà les thématiques sur lesquelles vous comptez agir ?
Nous allons engager des travaux sur quatre sujets en 2023 : l'endométriose et la maternité ; la mono-parentalité ; la ménopause et la seniorité : et la lutte contre le harcèlement et le sexisme. L'endométriose est un sujet important puisque cette maladie touche en moyenne une femme sur dix. Nous avons créé il y a plus de six mois un groupe de travail dédié à cette question pour mieux comprendre les problématiques des femmes atteintes de cette affection et voir comment nous pouvions les aider. Nous avons décidé que toutes les femmes travaillant au sein du groupe pourraient bénéficier de cinq jours mensuels supplémentaires de télétravail. Il leur suffira de produire un certificat médical.
Pourquoi ne donnez-vous pas, comme Carrefour, 12 jours de congés annuels supplémentaires aux femmes atteintes d'endométriose ?
Les femmes atteintes de cette maladie souffrent de crises douloureuses qui rendent difficiles la station debout, les déplacements en transports en commun et exigent d'être proche d'une salle d'eau. Nous avons interrogé des personnes atteintes d'endométriose au sein de WPP. Elles nous ont expliqué qu'elles préféraient dans ce cas le télétravail pour éviter toutes ces difficultés et aussi pour ne pas être stigmatisées. Elles ont préféré les jours de télétravail aux congés. Vous évoquez la solution de congés supplémentaires mise en place par une grande enseigne de distribution. Il faut aussi prendre en compte les situations qui sont très différentes : le télétravail est beaucoup plus répandu dans nos agences que dans la grande distribution. Nous avons réuni, le 7 juin, tous les collaborateurs pour leur annoncer ce dispositif et les mesures d'accompagnement que nous avons prévues.
Comment êtes-vous parvenu à cette décision ?
Ce nombre tient compte de la spécificité des crises liées à l'endométriose. Elles ne surviennent pas toujours lors des règles. Les crises sont parfois plus répétitives et fréquentes. D'où ce nombre de cinq jours qui donne plus de latitude pour répondre à différentes situations. La notion de certificat médical est importante. Nous avons choisi de ne pas passer par une demande de reconnaissance de handicap. L'endométriose peut être reconnue comme un handicap mais cette démarche demande beaucoup plus de temps que l'obtention d'un certificat médical. L'endométriose est classée en trois niveaux. Le niveau 3 est le plus critique et celui qui provoque les douleurs les plus fortes. En cas de douleurs trop intenses qui rendraient impossible la réalisation des tâches en télétravail, les personnes concernées pourront naturellement demander la reconnaissance d'un handicap. C'est un processus plus long puisqu'il s'accompagne de toute une série de démarches. Nous les accompagnerons dans ces démarches qui pourront leur permettre d'accéder à des jours de congés supplémentaires.
Quelles mesures avez-vous prévu sur les autres thématiques ?
S'agissant de la maternité, nous avons un certain nombre de femmes qui entament une maternité chaque année, ce qui s'explique par la moyenne d'âge qui est de 35 ans. L'objectif des mesures sur lesquelles nous réfléchissons est de faciliter la période de grossesse et surtout de faciliter le retour au travail après la maternité. C'est parfois une période qui peut soulever des difficultés puisque la salariée entre dans une nouvelle phase de sa vie : elle doit gérer en parallèle son activité professionnelle et un enfant. Il arrive aussi que le retour au travail ne soit pas toujours facile car les personnes ne reviennent pas toujours à occuper la même fonction que celle qu'elles ont quittée. Sur la monoparentalité, il y a clairement une problématique d'équilibre entre vie professionnelle et vie familiale puisque ces femmes doivent prendre en charge seules un ou plusieurs enfants. S'agissant des seniors et de la ménopause, nous allons les traiter comme deux sujets distincts. Enfin, sur la lutte contre le harcèlement et le sexisme, WPP a déjà engagé de nombreuses actions. Nous avons lancé des formations et mis l'accent sur l'attention. Les managers ont pour mission de veiller à ce que de tels événements ne se produisent pas dans leurs agences. Nous avons aussi mis en place une ligne d'écoute psychologique dès 2020 ainsi qu'un programme d'assistance complet « Employee assistance program ». Nous avons également une ligne d'alerte qui garantit l'anonymat. Nous voulons cependant aller encore plus loin.
WPP : des paniers à la communication mondiale
Créé en 1971, l’entreprise qui allait devenir le géant de la publicité était initialement spécialisé dans la fabrication de… paniers sous l’appellation Wire & Plastic Products. C’est Martin Sorell qui lui a donné une tout autre dimension en acquérant 30 % des parts en 1985. La société devient alors WPP Group et le futur « sir » en devient le président en 1987. S’ensuit alors une série d’acquisitions : J. Walter Thompson en 1987 puis Ogilvy en 1989. En 2000, WPP Group jette son dévolu sur Young & Rubicam pour un montant qui dépasse les 5 milliards de dollars. C’est durant cette décennie qu’elle atteint la plus haute marche du podium des groupes de communication. En début d’année, WPP Group a fait l’acquisition de 3K Agentur für Kommunikation (3K), l'une des principales agences de communication santé en Allemagne, Goat, Obviously ou encore Amp. Le groupe compte 115 000 salariés (2000 en France), présents dans plus d’une centaine de pays, dont 40 % de femmes dans des rôles dirigeants (39 % en 2021).