« J’ai commencé la publicité dans les années 80, guidé par les “trois R” chers à Jacques Séguéla : rêve, rire et risque. On se battait pour la grande idée et on était capable de tout pour marquer les esprits et créer le buzz, et ce, bien avant l'apparition des réseaux sociaux. Aujourd’hui, les marques sont entrées en conversation avec leurs publics. La publicité est enfin responsable et durable. Nous avons supprimé les slogans, les jingles, les dialogues inutiles, les comédies musicales ringardes ou les gros jeux de mots foireux et rarement géniaux. Les spots ressemblent aujourd’hui à des moodboards de planning stratégique illustrés brillamment – et pour pas cher – grâce à des banques d’images et des musiques disponibles en stock. On a supprimé le risque de prononcer des paroles blessantes, de provoquer, de choquer, de bousculer, de moquer. On évite de rire ou de faire rire et le rêve se limite au respect des mentions légales ou autres avertissements ridicules. On est devenus bienveillants, inclusifs, non genrés, body positifs, non clivants, non retouchés, authentiques, représentatifs, normaux... En réalité, ne sommes-nous pas juste devenus chiants ? »